lundi 16 février 2009

Un boutte à toutte

Je vous ai déjà fait le topo: la seule chose liant ensemble les dernières années de ma vie est la grande instabilité qui les caractérisait.
En résumé, je me suis mariée, séparée, j’ai déménagé plusieurs fois, je suis retournée auprès de mon mari, j’ai abandonné mes études pour travailler dans un bar, puis dans un cabinet d’avocats, j’ai démissionné et laissé mon mari à nouveau, re-déménagé, j’ai vécu avec un homme qui m’a fait vivre et inconsciemment empêchée de me suicider, je me suis brouillée avec ma famille, puis réconciliée, je suis retournée vivre chez mes parents lorsque les choses ont carrément dégénéré entre le ‘’pourvoyeur’’ et moi (‘’décrisse, salope, quand je vais revenir je veux que tu sois partie’’), j’ai rencontré le Dandy et suis tombée enceinte.
J’élude quelques épisodes de mon soap de vie pour ne pas vous perdre dans les détails inutiles…

Avant d’être enceinte, j’avais réussi à me convaincre de retourner à l’université pour faire ma foutue maîtrise, je me préparais (sur le tard, je l’avoue) à entrer dans le monde adulte en acceptant que j’avais fait le tour de la vie que je menais jusque là, l’étrange et épuisante vie de party, indifférente aux horaires habituels, indifférente à la nécessité de se lever le matin pour réaliser quelque chose de constructif.
Je planifiais également un voyage en Irlande avec mes parents pour voir enfin le pays de ma mère, l’origine de ma peau allergique au soleil et des reflets roux dans mes cheveux, et partager quelque chose de fort avec maman, nos relations ayant souffert longtemps d’un grave problème de compréhension mutuelle ( I’ve always been a daddy’s girl…).
Je venais de rencontrer le Dandy, notre amour était tout nouveau, tout frais, mais nous sentions déjà qu’il ne s’agissait pas d’une passade, d’un trip futile, nous avions tous les deux envie de bâtir une vraie relation. J’avais fait mon deuil de mon mariage raté, de la vie que je ne vivrais jamais avec Ski, mon slave de mari.
J’étais enfin prête à m’impliquer, à m’engager et pas seulement me laisser porter par les événements en attendant une révélation, un signe, une épiphanie quelconque qui me reconstruirait et donnerait un sens à ma vie plutôt décousue.

En choisissant de garder l’enfant, je choisis aussi de reporter à plus tard certains de mes projets. Ma maîtrise attendra quelques mois de plus, ce qui ne m’empêche heureusement pas de travailler mon manuscrit (ah, avantage de la création littéraire!).
Le voyage en Irlande aura lieu sans moi, je serai probablement en train d’accoucher dans une douleur innommable pendant que mes parents et ma petite sœur arpenteront les vertes collines des contrées maternelles.
Le Dandy et moi sommes projetés dans un futur que nous n’avions envisagé qu’en termes lointains, nous sommes catapultés précocement dans le rôle de parents.

J’aime à penser que tout ce que je vis en ce moment, tout ce que nous vivons ensemble, le Dandy et moi, peut se résumer par cette superbe expression : le beau risque.

Évidemment, je ne pouvais espérer que mon entourage soit de la même trempe aventurière que nous, et se réjouisse tout de go de notre bonheur.
Le Dandy et moi nous sommes montrés compréhensifs devant les regards inquiets de nos familles, leurs questionnements légitimes.
Mais y’a un bout à tout, une fille s’écoeure, tsé…

Quand l’un me demande, air bête à l’appui, s’il doit me féliciter.

Quand l’autre me fait clairement comprendre qu’il désapprouve mon choix et brosse un portrait post-apocalyptique de la vie que je décide de me construire.

Quand on me dit que je fais un choix sans-dessein, que je suis inconsciente, qu’il est encore temps de me faire avorter, etc.

Moi je dis : Fuck you! Fuck you gâcheux de bonheur, fuck you moralisateurs à deux cents, fuck you gang de jeteurs de pierres jaloux, frustrés, que sais-je encore!

Le Dandy et moi avons des diplômes, un haut de duplex paradisiaque dans un quartier très sympathique, et surtout, surtout, nous nous aimons et nous désirons ardemment la petite Frédérique qui s’épanouit dans mon ventre.
Le reste, ça vous regarde crissement pas.
I rest my case.

3 commentaires:

  1. Ouais, vraiment, c'est juste cave de s'ouvrir la trappe quand c'est pour égratigner l'enthousiasme de quelqu'un de façon bien égoïste.

    (Note to self: me souvenir de ça la prochaine fois que j'aurai personnellement la switch à bitch).

    [LOL: vérificatio du mot: "stenc" - manque juste un h!]

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  2. Sage attitude! Qui sont-ils pour essayer de gâcher votre aventure? Malgré tout, devenir parent reste une belle et grande aventure humaine. Vous vaincrez! Comme le disait le gouverneur d'la Californie ''Hasta la vista''

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  3. Je vous soutiens par un courant électrique qui passe de mon ordinateur au tiens. Donnez la vie c'est un cadeau du ciel. C'est ça en définitive le plus important, un bébé va naître !

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