lundi 12 octobre 2009

Guess who's back?

Je suis de retour, une fois de plus. Je ne peux garantir la durée de mon séjour ici, je suis pour le blogue libre au même titre que d'autres vantent les mérites de l'amour libéré. N'oublions pas que Les Chats Sauvages de Marjo est une de mes deux ''tounes'' de karaoké (l'autre étant le classique ''C'est Zéro'', parce que, franchement, même si je n'ai ''qu'un seul langage'', ''moi je ne me défile pas'').
Depuis mon dernier post, beaucoup de choses.
L'infante est née.
Frédérique 1ère. Petite merveille qui grouille et gigote, qui sourit aussi maintenant.
Je suis follement en amour.
Follement.
Presque trop.
Maintenant que je sais ce que signifie ''amour inconditionnel'', je me dois d'admettre que les autres formes d'amour me semblent un peu ternes.
Je comprends souainement tous les jeunes parents et, puisque je suis résolument moderne, je fais joyeusement partie de ce mouvement sociétal dont vous avez sans doute entendu parler et qui se nomme coolement ''baby bump'' .
Je ne suis pas ici pour faire des ''accroires'', comme dirait ma grand-mère. La plupart du temps, le ''bump'' en question se situe au niveau du ventre, et je ne suis pas en reste. Ma petite boule de 8 livres d'amour inconditionnel m'a aussi laissé un beau 35 livres de ''spare''. Ce qui me fait dire qu'elle est vraiment ma fille: elle n'aime pas se sentir à l'étroit.
Fait que je porte les décombres d'un loft de foetus. Avec des graffitis difficiles à camoufler (oui, oui, je parle de vergetures, honte à moi).
Je ne désespère pas, j'ai entendu ''through the grapevines'' que certains gars aimaient les filles maganées. Je ris jaune mais je ris, c'est déjà ça.
Faudrait que je mette mon corps sur Farmville, je pourrais me labourer l'excédent de graisse et faire un peu de cash virtuel avec...

lundi 6 avril 2009

Gendr'Hommage

Je suis l’aînée d’une étourdissante petite marmaille de trois enfants. Une véritable aînée, si je puis dire, puisque j’ai neuf ans de différence avec mon frère, et douze avec ma sœur. Je suis comme l’enfant imprévu qui se pointe le bout du nez en fin de lignée, mais dans le sens inverse. Je préfère dire que mes parents étaient si comblés par ma présence qu’ils n’ont pas réfléchi à l’idée de se reproduire à nouveau avant de nombreuses années.
À neuf ans, j’avais les cheveux courts et des lunettes en plastique rose avec motifs de clefs de sol dorées sur les branches. Je passais tout mon temps à lire dans ma chambre ou écouter des épisodes de Lady Oscar en m’imaginant être à sa place. Je comprends mes parents d’avoir voulu ajouter un peu d’action à leur vie de famille. ..

Mon frère vient tout juste d’avoir dix-huit ans. D’une certaine façon, c’est le rebelle de la famille : contrairement à ma sœur et à moi, il a décidé de rompre avec la tradition familiale (étudier de la maternelle à la fin du Cégep au même collège d’Outremont) en invoquant une incompatibilité de valeurs avec celles prônées par l’établissement. Par ‘’valeurs’’, il sous-entendait respect, discipline, rigueur…
Il étudie maintenant au Cégep Saint-Laurent (quand il y va…), se passionne pour l’histoire des guerres puniques et de la stratégie militaire et s’entraîne tous les jours grâce à son nouveau bench fraîchement installé dans sa chambre.
Lo a une blonde depuis un an, une belle fille brillante qui m’appelle pour que je lui conseille des livres ou que je l’aide à comprendre les comportements parfois erratiques de mon nonchalant de frère. C’est qu’il a hérité de la langue bien pendue des Gendreau-Lynch, fait preuve d’une insolence qui peut s’avérer fatale et est fan du CH au point de trouer le mur de sa chambre lorsque l’équipe perd lamentablement.
Mon père résume le tout en disant que Lo a un problème de gestion de sa colère. Ça nous fait sourire…

J’adore mon frère. Même lorsqu’il m’enrage en préférant jouer à NHL plutôt que d’aller en cours, même lorsqu’il engouffre goulûment tout ce que je cuisine et me laisse sa vaisselle sale sur le comptoir sans un ‘’merci’’, même lorsqu’il quitte la pièce pour se réfugier dans sa chambre au beau milieu d’une conversation, même lorsqu’il fait semblant d’écouter mes sages conseils visant à lui épargner la colère de mes parents en me regardant comme si j’étais une demeurée profonde.
J’adore mon frère, son impertinence qui me fait rire à tout coup, ses imitations parfaites de mon père, sa propension à vouloir battre tous les garçons qui s’approchent de ma sœur et tous ceux qui m’ont fait pleurer.
J’admire son insoumission aux conventions familiales, mon frère place son bonheur bien au-dessus des traditions, je ne faisais pas preuve d’autant de guts à son âge…

Ma sœur va avoir quinze ans dans trois semaines et correspond au profil type du dernier de famille. Elle fait du théâtre, est populaire auprès des garçons (beaucoup d’appelés, peu d’élus), sort toutes les fins de semaine (lire : va boire de la vodka au goulot et fumer des petits cigares aux fruits dans le sous-sol d’un gars du Collège Marie-de-France), passe ses soirées au téléphone avec ses amies (qu’elle surnomme affectueusement ‘’pétasses’’ et ‘’salopes’’) et prend dix mille photos d’elle dans autant de tenues American Apparel avant de les poster sur facebook.
Ma sœur Gaby parle avec un accent français, méprise tout ce qui bouge et adore le magasinage et les revues à potins. Elle semble sortie d’un épisode de Gossip Girl, avec la fâcheuse tendance à considérer que tout lui est dû qui va avec. Mon père, dont le discours pourrait faire l’objet d’un dictionnaire d’expressions imagées, affirme qu’elle a un caractère de ‘’jus de fond de vidanges’’.
Je dois l’avouer, je détestais les filles dans son genre lorsque j’avais son âge et elles me le rendaient bien. Mais Gaby est ma sœur, et je sais que derrière sa superficialité apparente, elle a un cœur immense, une volonté à toute épreuve et une sensibilité à fleur de peau. Elle me laisse des messages affectueux, me raconte les dernières péripéties dans sa vie de jeune ado désœuvrée, s’intéresse sincèrement à ce qui se passe dans la mienne.

Je déménage dans quelques jours et même si je suis impatiente d’être enfin chez moi, de retrouver mon intimité avec le Dandy, loin de la pagaille qui sévit dans la maison familiale, je dois admettre que les six derniers mois passés chez mes parents m’ont permis de solidifier les liens avec la fratrie. Je m’ennuierai sans doute parfois des conversations déjantées autour de la table de la salle à manger, des petits complots contre les parents, des blagues faites à leur insu et des séances nocturnes de confidences entre détenteurs du même bagage génétique.
Je quitte une seconde fois la famille dont je suis issue pour mieux construire ma propre descendance, je passe de l’autre côté, je deviens parent et je ne peux qu’espérer que mes enfants possèdent la même complicité qui régit ma fratrie.

Lo, Gabydoune, je sais que vous lisez ces lignes. Je vous aime.

mercredi 1 avril 2009

Sondage sur l'objet-livre

Coins cornés ou marque-page ?
Coins cornés ET bouts de papiers, correspondances, et même morceaux de Kleenex déchirés. Cependant, puisque je ne les enlève jamais, je me retrouve fréquemment avec une dizaine de marques obsolètes dans un livre.
Un livre en cadeau ?
J'avais l'habitude d'offrir Le Parfum à tous mes exs qui n'aimaient pas lire. Maintenant, je suis fiancée à un littéraire. Ça élargit considérablement mon champ d'action.
Lis-tu dans ton bain ?
Oui, mais surtout des magazines.
As-tu déjà pensé à écrire un livre ?
Je n'ai jamais cessé d'y penser. Je suis d'ailleurs censée en écrire un en ce moment. Ça stagne. Je justifie ma procrastination en me répétant que les auteurs ne sont pas des athlètes, y'a pas de date d'expiration...
Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?
En général, pas mon genre du tout.
As-tu un livre-culte ?
L'Immortalité (Kundera), Les Liaisons Dangereuses (Laclos), À la recherche du temps perdu (Proust)
Aimes-tu relire ?
Oui, notamment mes livre-cultes...
Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livre qu’on a aimés ?
M'en fous royalement.
Aimes-tu parler de tes lectures ?
Oui, évidemment.
Comment choisis-tu tes livres ?
Randomly. En pigeant dans la bibliothèque des autres, en écumant les étagères de librairie, etc. Un beau titre, une couverture Folio avec une reproduction d'un peintre que j'aime, name it!
Une lecture inavouable ?
De la chick-lit américaine et des magazines de filles.
Des endroits préférés pour lire ?
Dans l'autobus et le métro. Le mouvement, la position assise, le bruit ambiant...
Un livre idéal pour toi serait ?
Un roman intelligent, drôle, émouvant, profond et léger à la fois, 350 pages environ.
Traiterait de la mémoire, des origines, de la transmission, de la difficulté de faire et/ou d'assumer ses choix.
Écrit par moi. Hahahaha!
Lire par-dessus l’épaule ?
Seulement les courriels des autres, hahahaha!
Mais si on lit par-dessus mon épaule, je deviens enragée...
Télé, jeux vidéo ou livres ?
Je suis télévore mais, si j'avais à choisir, j'opterais pour les livres...
Lire et manger ?
J'adore! Il m'arrive même d'être secrètement déçue de rencontrer quelqu'un dans un café ou resto alors que j'envisageais un tête à tête intense avec un roman...
Lire un livre électronique ?
J'ai essayé. Et échoué. J'aime trop l'objet et ce qu'il permet: le toucher, le traîner dans une poche, etc.
Le livre vous tombe des mains, aller jusqu’au bout ou pas ?
Non. Y'a des limites au masochisme. Et trop de bons livres à lire pour se faire chier avec ceux qui ne nous plaisent pas.
Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi ?
L'oeuvre complète photocopiée de Paolo Coelho. Pour être bien sûre que cet auteur que je déteste ne tire aucun droit d'auteur de mon cadeau empoisonné.

samedi 28 mars 2009

''Et si je dis bonheur-silence on ne m'entendra pas.'' (P. Delerm)


Contrairement à ce que Samsonite semblait croire, je n’avais pas disparu. Seulement, seulement voilà, j’ai manqué d’inspiration pour transcrire le bonheur tranquille qui m’occupe. Le Dandy et moi vivons dans les boîtes et dormons sur un matelas simple à même le plancher du sous-sol de mes parents en attendant notre déménagement imminent mais j’ai rarement ressenti une telle sérénité, un tel calme intérieur.


Le Dandy et moi passons de nombreuses heures à écouter des épisodes de Lost en rafale, sa main sur mon ventre gonflé guettant les manifestations de plus en plus évidentes de petite Frédérique. Sans le vouloir, sans le savoir toujours consciemment, nous fermons nos frontières, nous protégeons notre empire, nos têtes penchées sur mon nombril distendu.


Dans quelques jours, je pourrai ‘’nidifier’’ à mon goût dans notre nouvel appartement. La satisfaction que je ressens est au moins égale à celle que j’anticipe en regardant les photographies de notre home sweet home, en imaginant nos joies futures derrière les portes donnant sur le couloir, comme autant de possibilités de bonheur à venir.

dimanche 8 mars 2009

Journée de la femme

Qu’est-ce que je peux dire sur la femme sans revenir constamment à elle, sans parler d’elle? Comment expliquer mon ancien dégoût de la féminité, du féminin en général, sans aborder ma rancune envers elle, ma rage, son refus de moi, mon refus de lui appartenir, de me soumettre à son autorité, à son jugement, à sa folie? En la regardant elle, je ne pouvais qu’avoir envie d’être un homme, fort, insensible à ses remarques assassines, à ses crises récurrentes, à son amertume acide qu’elle me jetait au visage, comme si elle m’en voulait de lui rappeler tout ce qu’elle aurait pu être.
Ma mère n’est pas un monstre. Fille d’immigrés irlandais pauvres et malades, elle-même soumise à la dictature d’une mère tyrannique qui régentait sa marmaille sans douceur, en s’immisçant de force dans l’intimité de ses enfants, en leur rappelant sans cesse tous les sacrifices qu’elle faisait pour eux.
Ma mère ne voulait pas lui ressembler, être esclave de son sexe, et pour ces raisons (et d’autres qui lui appartiennent), elle préféra ne pas m’allaiter et décida de retourner au travail quelques semaines après ma naissance. Elle ne serait jamais la copie de sa mère, en train d’étendre le linge sur la galerie en se demandant, une fois de plus, comment elle allait nourrir sept personnes avec une livre de steak haché et cinq patates.

Comment ne pas parler aussi d’elle, ma grand-mère maternelle, une femme de son temps, sans éducation et sans possibilité d’accéder à une quelconque liberté, une quelconque autonomie en dehors des quelques pièces trop petites de l’appartement sans eau chaude qu’elle habitait sur le Plateau, à l’époque où il n’avait rien de glamour?

Comment ne pas parler de mon autre grand-mère, fille de bourgeois d’Outremont, promise à un ‘’grand’’ avenir : devenir une femme de médecin ou d’avocat, et qui se rebella contre l’autorité paternelle, contre les mœurs de son époque, pour poursuivre des études universitaires et choisir d’épouser un ‘’pauvre’’ journaliste davantage porté sur l’alcool, le poker et les femmes et que sur le confort matrimonial et les joies de la famille?
Comment ne pas rappeler sa douleur, son insatisfaction grandissante devant la place qu’on lui réservait, dans la cuisine, un marmot dans les pattes?
Comment ne pas parler de la dépression nerveuse, de la prétendue ‘’hystérie’’ dont elle était victime et qui la poussa à renoncer à son mariage, à divorcer au vu et au su de tout le voisinage bien-pensant de NDG et à faire des études supérieures à quarante ans passés, pour enfin se réaliser, pour enfin avoir le droit à une parole qu’on lui refusait?
Comment ne pas reconnaître en elle tous les déchirements féminins, toutes les frustrations du sexe faible ayant mené à notre révolte, à notre revendication tout sauf silencieuse d’être enfin reconnues comme des égales, et non plus comme des subordonnées?

Ces femmes n’ont rien d’extraordinaire, elles n’ont pas mené de grandes batailles, elles ne sont jamais citées en exemple dans les conférences féministes, dans les congrès de bonnes femmes. Vous n’entendrez plus jamais parler d’elles, sauf ici, peut-être.
Mais ces femmes qui ont peuplé mon enfance et provoqué plus souvent qu’autrement ma colère et mon indignation sont autant de reflets de l’identité féminine, elles sont les différentes facettes d’une seule et même réalité : naître femme.

C’est à elles que je veux aujourd’hui rendre hommage.
À ma grand-mère du ‘’vieux pays’’, conservatrice, bornée, qui préférait essorer ses draps à la main dans une cuisine mal chauffée plutôt que d’exiger un lave-linge.
À mon autre grand-mère, bourgeoise et snob, qui a su relever ses manches pour se donner les moyens d’accéder au bonheur qu’elle réclamait haut et fort.
À ma mère prise dans le conflit des générations et son propre conflit identitaire, déchirée entre le désir de maternité et l’aliénation dont elle ne voulait pas être victime, et qui tenta de trouver des compromis qui s’avérèrent être autant de petits renoncements à son épanouissement.
À tous les hommes, aussi, qui nous soutiennent, nous encouragent, nous défendent et nous aiment. Merci à Papa le Grand-Manitou, Lo le petit frère protecteur, Nicho l’ami fidèle, Éric ‘’Samsonite’’ le lettreux, et évidemment, évidemment, le Dandy, l’amoureux, l’amant, l’ami, le papa de ma fille…

En cette journée de la femme, je pourrais bien sûr nous souhaiter l’égalité salariale, l’abolition du ‘’plafond de verre’’, la reconnaissance de nos compétences intellectuelles, le droit inaliénable d’être le seul et unique maître de notre corps, et tant de choses encore. Je préfère nous souhaiter la quiétude, le bonheur, la sérénité.
Je préfère nous souhaiter la paix, la fin des stériles querelles de clochers, de nos guerres intestines entre femmes qui ne font qu’affaiblir notre voix commune, dévier les débats essentiels vers des disputes de fillettes et diluer notre essence.

J’espère que ma fille n’aura jamais besoin de souhaiter être un homme pour que sa voix résonne, que son opinion soit entendue, écoutée, reconnue.
Je l’espère forte et sensible, jusqu’au bout des petites bottines roses avec lesquelles elle apprendra à marcher, debout, droite et fière.

vendredi 6 mars 2009

Montée de lait (précoce)

Faut-tu être assez cave pareil!
Sur le blogue de Jean-Luc Mongrain, ce commentaire à propos de l'arrestation de Jean-François Harrisson pour possession et distribution de matériel pornographique juvénile:

''Voilà mr.Mongrain,ce qui arrive dans les enfants-roi,deviennent eux-même des parents.Ils installent des t.v.des consoles de jeux,ordinateurs,le cellulaire et le téléphone,il ne manque plus qu`une salle de bain privé,(attendez ça prendra pas cent ans), dans leur chambre,et ces parents-là ne les superviseront rien ou très peu,parce que ce serait violer leur intimité.Faudrait pas les contrarier ces petits chéris qui font tout pour faire plaisir aux parents (...)''
Ben oui, c'est ça, c'est sans doute parce que des parents n'ont pas surveillé leurs enfants et leur ont installé une console de jeu dans leurs chambres que l'acteur possédait des photos montrant des agressions sexuelles commises contre des mineurs. Ces parents irresponsables ont sans doute laissé des inconnus entrer dans la maison, violer leurs enfants, prendre des photos du viol, et repartir en sifflotant. Pfff!
Suite à une discussion avec mon frère (qui a une télé, un téléphone, un cellulaire, un ordinateur portable et une XBox360 dans sa chambre chez mes parents), nous avons conclu que l'auteur du commentaire avait probablement élévé ses enfants dans une cage, un sac de jute sur la tête...
C'est la femme dans L'Arrache-coeur, de Vian, qui serait contente...

jeudi 5 mars 2009

Profession: tyran orthographique

J’ai passé les derniers jours à réviser les épreuves d’un dictionnaire visuel pour les Éditions Québec Amérique. Des heures et des heures de lecture de définitions, de ‘’gossage’’ de virgules, de questionnements profonds sur l’emploi de certaines locutions et de réécriture d’adjectifs numéraux en toutes lettres. Des heures et des heures de ‘’sacrage’’ aussi, à me décoller la rétine sur les minuscules caractères (6, genre…). Bilan : j’ai survécu et j’ai appris pas mal de choses à propos du réticulum endoplasmique et d’autres notions essentielles.

Je dois avouer que j’étais passablement stressée en renvoyant les quatre tomes aux éditeurs. C’était ma première collaboration à un dictionnaire et on s’entend qu’un dictionnaire, ben, tsé, c’est pas bourré de fautes à la base, c’est pas écrit par des analphabètes. Ces gens-là s’en rendent compte si tu leur remets un travail ‘’botché’’, si tu as oublié des fautes, si tu n’as pas vu toutes les coquilles… C’est donc en réprimant de nombreux haut-le-cœur d’angoisse que j’ai laissé le colis entre les mains de l’employé de Purolator, c’est le souffle court que j’ai ouvert le courriel envoyé par mon contact chez Québec Amérique quelques heures plus tard.
Le Dandy, qui me rassurait en disant que j’étais la meilleure, la plus compétente et toutes les choses qu’un chum dit à sa blonde dévorée par l’inquiétude, avait finalement raison : j’ai passé le test haut-la-main et j’ai déjà décroché un autre contrat avec Québec Amérique.

C’est hautement jouissif de gagner sa vie en corrigeant les mots des autres. Mon côté maîtresse-d’école-qui-reprend-tout-le-monde est enfin perçu comme une qualité et je peux barbouiller d’un rouge sang des pages et des pages de texte avec un plaisir sadique. Je sublime ainsi toutes mes pulsions meurtrières et ça fait sans doute de moi une bien meilleure blonde, une bien meilleure mère en devenir. Évidemment, il m’arrive également de faire des fautes, je suis humaine, trop humaine, et je me réveille parfois en sursaut, angoissée par un mot mal orthographié ou une construction grammaticale douteuse.
Certains craignent la mort, moi j’ai peur du mot. Une petite lettre de moins mais autant de tourments…

jeudi 26 février 2009

Test du énième type...

Il y a quelques années, durant mes études en littérature, j'ai travaillé comme libraire chez Renaud-Bray. Je ne crois pas avoir détesté autant une job: salaire pathétique, boss condescendant, ambiance aliénante, clients attardés (''Hey, t'as-tu Du Côté de Szechuan, genre?'').
Heureusement, nous avions notre petite gang, pour la plupart des étudiants en littérature et en histoire de l'art. Les jeudi soirs, nous allions boire comme des trous dans un bar sur Saint-Denis où le proprio organisait des soirées de poésie.
On riait, on buvait, on se la jouait aussi, soyons honnête.
Un jour, un collègue de la section Bandes Dessinées nous a amené un livre en nous disant que c'était révolutionnaire, que nous devions tous le lire, etc. Ce livre, c'était la version longue du test de l'ennéagramme qui sévit en ce moment sur la blogosphère.
Ma période Renaud-Bray reste à jamais marquée par les fins de party qui tournaient à l'engueulade: ''on le sait ben, toi t'es un type 5, aile 8!''.
J'ai refait le test ce matin, pour finalement me rendre compte que je suis toujours un type 7:
The EnthusiastThe busy, productive type. Sevens are extroverted, optimistic, versatile, and spontaneous. Playful, high-spirited, and practical, they can also misapply their many talents, becoming over-extended, scattered, and undisciplined. They constantly seek new and exciting experiences, but can become distracted and exhausted by staying on the go. They typically have problems with impatience and impulsiveness. At their Best: they focus their talents on worthwhile goals, becoming appreciative, joyous, and satisfied.

lundi 23 février 2009

Impératrice cheapo

J'assume totalement le fait que j'aime parfois me divertir en consommant de la trash tv, des magazines trashs et des films trashs. Du bon divertissement pour la braindead que je suis occasionnellement.
Mais je pense que là je suis allée trop loin dans ma revendication de ma boulimie culturelle...
Moi, sortant du sac Blockbuster le film que le Dandy vient de louer: C'est quoi, ça?
Le Dandy, dénouant nonchalamment ses lacets de bottes: Oh, c'est une merde...
Moi, surprise: Comment ça, une merde?
Le Dandy, avec un grand sourire: Ben oui, je me suis dit que t'allais aimer ça!
Le film s'intitule How to lose friends and alienate people.
Pensez-vous que c'est un message?

dimanche 22 février 2009

De l'importance de se taire -03

T'es tellement parvenu que tu fais tes Rhum and Coke avec du Barbancourt 15 ans et du RC Cola...

jeudi 19 février 2009

Plogue <3

Le Dandy quitte le nid (mon blogue) pour voler de ses propres ailes.
Essayez de l'aimer autant que moi, vous n'êtes même pas game!

Artéfacts

Je voue une passion sans équivoque aux livres d’une autre époque.
Qu’on ne se méprenne pas, j’adore évidemment les premières éditions qui fleurent bon le moisi, mais je préfère encore les livres d’épanouissement personnel datant d’une période bénie où ces termes foireux n’existaient pas dans la forme qu’on leur connaît, c’est-à-dire accolés l’un à l’autre.
J’ai quelques paperbacks des années soixante à faire frémir toute femme qui se respecte, même la moins féministe de la gang.
Parmi eux, deux bijoux de machisme :

Date Talk, un ramassis d’imbécilités qui ordonne à la jeune femme qui date de ne pas montrer sa culture ou son savoir lors d’un souper romantique (‘’parce que l’homme n’a que faire de votre opinion’’, traduction libre) et lui rappelle gentiment qu’elle doit s’arranger par tous les moyens possibles pour se faire inviter à danser et complimenter sur son apparence. Sois belle et danse!
Édifiant.

Vaincre la frigidité chez l’épouse : un livre écrit par une femme médecin qui affirme que l’orgasme clitoridien est immature et que la véritable maturité féminine s’exprime dans l’orgasme vaginal. Mme la médecin remet aussi les pendules à l’heure : l’éjaculation féminine (tout comme le point G, d’ailleurs) est un mythe et aucune étude médicale n’a pu trouver de glande propre à la produire. La pauvre lectrice (frigide parce qu’elle ne parvient pas à atteindre l’orgasme vaginal) apprendra à la lecture de cette pièce d’anthologie que son mari souffre profondément de sa condition, et qu’il a le droit d’attendre davantage de son épouse afin d’être un mari comblé et valorisé dans son union.
Tsé, c’est certainement pas de sa faute à lui si sa femme vient pas de la bonne façon, bout de viarge!

Là, je me lance dans un livre d’information pour la femme enceinte des années 50. Je vous redonnerai des nouvelles des serviettes sanitaires homemade et autres trucs indispensables que je saurai bientôt me confectionner sous le regard approbateur du Dandy…
C'est tellement gratifiant, être femme...

lundi 16 février 2009

Un boutte à toutte

Je vous ai déjà fait le topo: la seule chose liant ensemble les dernières années de ma vie est la grande instabilité qui les caractérisait.
En résumé, je me suis mariée, séparée, j’ai déménagé plusieurs fois, je suis retournée auprès de mon mari, j’ai abandonné mes études pour travailler dans un bar, puis dans un cabinet d’avocats, j’ai démissionné et laissé mon mari à nouveau, re-déménagé, j’ai vécu avec un homme qui m’a fait vivre et inconsciemment empêchée de me suicider, je me suis brouillée avec ma famille, puis réconciliée, je suis retournée vivre chez mes parents lorsque les choses ont carrément dégénéré entre le ‘’pourvoyeur’’ et moi (‘’décrisse, salope, quand je vais revenir je veux que tu sois partie’’), j’ai rencontré le Dandy et suis tombée enceinte.
J’élude quelques épisodes de mon soap de vie pour ne pas vous perdre dans les détails inutiles…

Avant d’être enceinte, j’avais réussi à me convaincre de retourner à l’université pour faire ma foutue maîtrise, je me préparais (sur le tard, je l’avoue) à entrer dans le monde adulte en acceptant que j’avais fait le tour de la vie que je menais jusque là, l’étrange et épuisante vie de party, indifférente aux horaires habituels, indifférente à la nécessité de se lever le matin pour réaliser quelque chose de constructif.
Je planifiais également un voyage en Irlande avec mes parents pour voir enfin le pays de ma mère, l’origine de ma peau allergique au soleil et des reflets roux dans mes cheveux, et partager quelque chose de fort avec maman, nos relations ayant souffert longtemps d’un grave problème de compréhension mutuelle ( I’ve always been a daddy’s girl…).
Je venais de rencontrer le Dandy, notre amour était tout nouveau, tout frais, mais nous sentions déjà qu’il ne s’agissait pas d’une passade, d’un trip futile, nous avions tous les deux envie de bâtir une vraie relation. J’avais fait mon deuil de mon mariage raté, de la vie que je ne vivrais jamais avec Ski, mon slave de mari.
J’étais enfin prête à m’impliquer, à m’engager et pas seulement me laisser porter par les événements en attendant une révélation, un signe, une épiphanie quelconque qui me reconstruirait et donnerait un sens à ma vie plutôt décousue.

En choisissant de garder l’enfant, je choisis aussi de reporter à plus tard certains de mes projets. Ma maîtrise attendra quelques mois de plus, ce qui ne m’empêche heureusement pas de travailler mon manuscrit (ah, avantage de la création littéraire!).
Le voyage en Irlande aura lieu sans moi, je serai probablement en train d’accoucher dans une douleur innommable pendant que mes parents et ma petite sœur arpenteront les vertes collines des contrées maternelles.
Le Dandy et moi sommes projetés dans un futur que nous n’avions envisagé qu’en termes lointains, nous sommes catapultés précocement dans le rôle de parents.

J’aime à penser que tout ce que je vis en ce moment, tout ce que nous vivons ensemble, le Dandy et moi, peut se résumer par cette superbe expression : le beau risque.

Évidemment, je ne pouvais espérer que mon entourage soit de la même trempe aventurière que nous, et se réjouisse tout de go de notre bonheur.
Le Dandy et moi nous sommes montrés compréhensifs devant les regards inquiets de nos familles, leurs questionnements légitimes.
Mais y’a un bout à tout, une fille s’écoeure, tsé…

Quand l’un me demande, air bête à l’appui, s’il doit me féliciter.

Quand l’autre me fait clairement comprendre qu’il désapprouve mon choix et brosse un portrait post-apocalyptique de la vie que je décide de me construire.

Quand on me dit que je fais un choix sans-dessein, que je suis inconsciente, qu’il est encore temps de me faire avorter, etc.

Moi je dis : Fuck you! Fuck you gâcheux de bonheur, fuck you moralisateurs à deux cents, fuck you gang de jeteurs de pierres jaloux, frustrés, que sais-je encore!

Le Dandy et moi avons des diplômes, un haut de duplex paradisiaque dans un quartier très sympathique, et surtout, surtout, nous nous aimons et nous désirons ardemment la petite Frédérique qui s’épanouit dans mon ventre.
Le reste, ça vous regarde crissement pas.
I rest my case.

dimanche 15 février 2009

Recap de la soirée de Saint-Valentin

Le Dandy et moi avons fêté la St-Valentin la plus quétaine ever: nous avons mangé de la fondue au fromage au son du Top 50 des chansons d'amour de Cité Rock Détente et j'avais préparé le promis gâteau en roulés suisses, en forme de coeur, évidemment!

Mon petit frère est rentré vers 22h00, passablement ''atteint'' après avoir fumé un joint derrière le bungalow du voisin.

En regardant des photos de nous trois:

MOI: My god, je suis teeellement enceinte!

MON FRÈRE: My god, je suis teeellement gelé!

Dans un élan d'honnêteté rare chez un jeune homme de 17 ans, il a tenu à ce que je partage avec vous ce grand moment de complicité fraternelle. Y'est cute, pareil...

jeudi 12 février 2009

Roulés serrés

Le Dandy n'a jamais vraiment fêté la St-Valentin. Bad luck, il était souvent célibataire les 14 février.
J'ai décidé de piler sur le mépris que je voue à cette célébration pour faire plaisir à namour et lui offrir une St-Valentin en bonne et due forme.
Pour lui faire vraiment plaisir, et souligner le quétaine de la chose, j'ai prévu faire un gâteau en roulés suisses.
Pas celui ci mais un autre, designed by nulle autre que moi-même.
Faut vraiment que je sois en amour...

Touchy

J’écoute l’émission des Francs-Tireurs sur l’avortement. Martineau fait encore la preuve de son imbécilité et de sa mauvaise foi crasse en traitant d’osties d’irresponsables les femmes qui ont recours à l’avortement. Évidemment, on entend parfois des histoires assez interpelantes sur des femmes qui ont subi des dizaines d’avortement et ne semblent pas avoir compris les bienfaits de la contraception.
Mais qui sommes-nous pour juger le choix d’une femme qui ne désire pas la grossesse qu’elle vit, qui ne veut pas de l’enfant qu’elle porte, pour des raisons qui lui appartiennent et ne nous regardent absolument pas?

Toutes les femmes que je connais qui ont subi un avortement l’ont fait pour des raisons découlant du gros bons sens. Quand t’as pas de chum dans le décor, ou un chum irresponsable, drogué, violent, quand t’as pas une crisse de cenne pour l’élever, cet enfant la, quand t’es à terre moralement, incapable de prendre soin de toi-même, quand toute ta vie part en l’air, je peux vous assurer que tu ne pop pas la bouteille de champagne en voyant la petite ligne rose sur le test de grossesse. Loin de là.

L’avortement n’est pas une partie de plaisir, je sais je l’ai vécu il y a quelques années. Tu ne rentres pas dans la salle de chirurgie en sifflotant ‘’It’s raining men, allelujah’’ et en pensant au prochain party de fin de session. C’est pas La Ronde, crisse.
Et l’ostie d’irresponsable que je suis a récemment choisi de garder l’enfant qu’elle couvait dans son petit ventre. Parce que la situation avait changé, parce qu’elle le désirait, parce que c’était possible.

Évidemment, on ne peut pas demander à Martineau de comprendre ça. Ça et tout le reste, anyway…

mercredi 11 février 2009

Worst Breakup Ever

(pour faire suite à ce que j'ai lu ici)
G. et moi formions un couple depuis un peu plus de trois ans. Chaque été, il allait visiter sa famille en France, suivre des cours dans des universités étrangères, se péter des trips pas possibles autour du monde. Pendant ce temps, moi je travaillais en l’attendant.

Cet été là, j’avais été engagée par une maison de production télé, quelque chose de BIG, parce que je gardais les enfants de la v-p. Le boulot en tant que tel n’avait rien d’excitant, je remplaçais la réceptionniste durant ses pauses, je faisais des photocopies et je triais des factures. Parfois, seule activité qui trouvait grâce à mes yeux, j’engueulais le responsable de la Guilde des Musiciens sous prétexte de ‘’négocier’’ avec lui les amendes qu’on nous infligeait pour avoir engagé des artistes péruviens qui ne cotisaient pas à la Guilde.
Je m’emmerdais. Mes amis profitaient des vacances pour voyager, sortir, etc, alors que je portais des tailleurs et me levais aux aurores pour aller travailler dix heures d’affilée dans un bureau où les cadres me ‘’stoolaient’’ si je jouais trop longtemps au jeu du serpent qui ne doit pas toucher sa queue sur l’ordinateur de la réception.
Je revenais vidée du travail pour trouver la maison vide, mes parents étant partis en Espagne, ou en Grèce, ou en France, je ne tiens plus un registre de leurs départs depuis longtemps. Je m’asseyais à l’ordinateur et j’écrivais à G. G. qui ne m’écrivait pas, ou si peu. Il avait toujours une bonne raison, un déplacement imprévu, un problème de connexion, etc. J’imaginais le pire, il avait rencontré quelqu’un d’autre, une fille plus vieille, plus sexy, plus wild, et qui pouvait entrer dans un bar sans avoir à quêter la carte d’assurance-maladie de la blonde du frère d’une amie…

Mes horaires étant atypiques, je dînais toujours seule à la cafétéria. Puis un jour, un graphiste a été engagé. Il avait des horaires semblables aux miens, alors nous avons commencé à manger ensemble. Il avait vingt-sept ans (moi dix-sept), il avait un nom de famille belge et très littéraire (selon moi, évidemment) et il était beau. Très beau.
Ça a commencé par des conversations anodines au dîner, puis des livraisons impromptues de cappucino à mon bureau, etc. Durant les dernières semaines de mon contrat, il m’attendait dans le stationnement arrière pour me reconduire chez moi.
Nous sommes allés souper au restaurant deux ou trois fois, et j’ai poussé l’audace jusqu’à l’embrasser. Il était évident que nous nous plaisions, mais j’avais un chum et lui devait partir sous peu étudier en Suède.

Je me suis décidée à oublier cette (non) histoire, après tout G. revenait quelques jours plus tard, après tout nous nous aimions depuis si longtemps, et j’en aurais la confirmation en le revoyant. J’avais tout prévu pour son retour : j’avais loué une chambre dans une auberge 5 étoiles en Estrie, j’avais acheté un nouveau déshabillé, très classe, un nouveau parfum, et j’avais piqué une bouteille de vin au prix indécent dans le cellier de mon père, etc.

Le repas à l’auberge était fantastique, nous avons bien mangé et bien bu, et je commençais à être pas mal feeling lorsque nous sommes retournés à la chambre pour nous retrouver en bonne et due forme.
Je le laisse ouvrir une autre bouteille de vin pendant que j’enfile le déshabillé dans la salle de bain, nous buvons ladite bouteille en nous embrassant, et… j’éclate en sanglots. La totale, la grosse fontaine, les hoquets, les soubresauts incontrôlables… Je lui dis tout (en fait, pas grand-chose) sur mon ‘’aventure’’ avec le graphiste, je lui dis surtout qu’il me plaît énormément, que je ne sais plus où j’en suis, qu’il me faut du temps pour réfléchir à tout ça. G. se montre relativement compréhensif, met ma crise sur le dos de la distance, me promet que tout sera bientôt comme avant, il ne faut pas que je m’en fasse.

Sur le chemin du retour, nous roulons en silence. G. conduit et je regarde par la fenêtre, en pleurant silencieusement. C’est l’été de Manu Chao et c’est le seul cd qui fonctionne dans la voiture, nous l’écoutons donc en boucle pour meubler le silence. Le disque se met à sauter. Jouer over and over le même petit bout de chanson : Je ne t’aime plus, mon amour, etc. Nous faisons semblant de rien, aucun de nous n’a le courage de l’enlever du lecteur, alors on le laisse nous narguer. G. me dépose chez mes parents, entre pour boire un verre d’eau. Je descends ma valise au sous-sol, dans ma chambre. D’en bas, je l’entends écouter les messages sur le répondeur. Je remonte. Il me dit, les yeux pleins de larmes, que le graphiste a téléphoné pour me donner son adresse courriel, son numéro de téléphone en Suède et qu’il attend impatiemment que je le contacte. Je suis mortifiée.
Je dis à G. que je suis un peu fatiguée, il part et je vais me coucher. J’apprendrai plus tard qu’il n’était pas vraiment parti, il m’épiait par la fenêtre du sous-sol afin de voir si j’allais téléphoner au graphiste.
La voisine l’a vu et lui a posé mille questions jusqu’à ce qu’il quitte, humilié.

G. et moi nous sommes reparlés souvent, au cours des semaines suivantes, mais jamais de notre nuit à l’auberge ni du voyage en voiture en lendemain. À l’halloween, il a débarqué à l’improviste, déguisé en bossu, s’est mis à genoux devant moi (et mes parents, et leurs amis, …) et a tenté de me chanter À toi, de Joe Dassin, en pleurant. Nous avions touché le fond.

J’ai revu le graphiste quelques mois plus tard, il était en vacances à Montréal. Nous sommes allés souper au restaurant et il m’a invitée dans un party où je ne connaissais personne, tout le monde ayant au moins dix ans de plus que moi. Je me suis sentie ridicule, absolument ridicule. Lui aussi, sans doute, puisqu’il ne m’a jamais rappelée.

lundi 9 février 2009

Où ceci explique cela


J’ai fréquenté le même Collège de la maternelle à la fin de mon Cégep. Un Collège Français à Outremont (pas trop dur de deviner lequel, il n’y en a qu’un, oui, c’est le Collège Stanislas).

En quatrième secondaire (communément appelée ‘’la 3e’’, pour mes amis frenchies), mes amies et moi avions réussi à convaincre celui qui s’occupait des activités culturelles et sociales de l’école de nous laisser animer un show de radio étudiante.
La radio était normalement réservée aux plus vieux, aux étudiants de 1ère et de Terminale (les Cégepiens).
Le gars en question était un québécois, chose rare au Collège, et nous avions su profiter de la situation en lui promettant un show 100% québécois.

Les premières semaines de notre aventure radiophonique se sont avérées plutôt décevantes : on n’avait pas assez de stock québécois pour couvrir notre heure, et lorsque nous avons dû faire jouer Marie Stone pour remplir un trou, nous avons décidé d’oublier notre concept et de passer ce qui nous plaisait, tout et n’importe quoi.

Mes amies et moi n’étions pas ‘’populaires’’. C’était la grande époque où je portais un pantalon à pattes d’éléphant vert en velours, une veste à motifs psychédéliques vintage achetée dans une friperie sur Mont-Royal, et un rideau de longs cheveux roux ondulés dans la face. Je me trouvais laide et j’étais convaincue qu’en cachant mon visage derrière ma légendaire chevelure j’allais réussir à damer le pion à ma monstruosité.
Par ailleurs, j’étais particulièrement vindicative à cette époque, j’étais reconnue pour blaster le premier venu qui oserait me niaiser, ou simplement me regarder de travers (ce qui, considérant mon look, était plutôt fréquent). J’avais un sale caractère, avouons le.

Faire de la radio me permettait enfin de me ‘’venger’’ des jocks et des pitounes Parasuco qui shakaient leurs derrières bombés sur du hip hop. Les mêmes pitounes qui avaient ri de moi quelques années auparavant quand elles s’étaient rendu compte que je ne portais pas encore de soutien-gorge (je suis issue d’une longue lignée de flat chested, je n’y peux rien).

Toutes les semaines, j’infligeais donc à mes anciens bourreaux la pire torture (à leurs yeux) en me faisant plaisir : Pink Floyd, The Doors, DJ Shadow, Jacques Brel, etc. J’ai même eu l’audace de faire jouer Whiter Shade of Pale et King Crimson quelques fois. Tout le monde nous détestait ouvertement.
Lui aussi.

À travers la grande vitre de la radio, je le voyais nous regarder avec mépris. Je m’en foutais, je le détestais aussi. Je le trouvais con avec ses airs de je-sais-tout-je-contrôle-tout, ses petits polos saumon rentrés dans des khakis Gap, sa façon de traverser la salle d’accueil avec des papiers ‘’importants’’ dans les mains, sa main mise sur le journal étudiant (il en était le rédacteur en chef), et son nom de famille qui le reliait directement à sa mère, la prof de bio qui se beurrait les paupières d’ombre bleue circa 1983.

C’est à cette époque que j’ai rencontré Martin (voir post sur la Saint-Valentin) et que notre relation amoureuse a débuté.

Un après-midi morose (cours de maths, beurk!), j’ai décidé de faire semblant d’être malade pour avoir le droit de rentrer chez moi. J’ai le gag reflex très développé, ça a très bien fonctionné…
Je suis donc allée rejoindre Martin dans le salon étudiant des finissants pour lui proposer de venir passer l’après-midi chez moi, en buvant une bouteille de vin subtilisée dans le cellier de mon père.
Martin était en train jouer au Nintendo 64 avec Lui.
G., le gars qui se prenait pour un autre et que je détestais autant qu’il me méprisait.

J’ignore pourquoi mais je l’ai invité aussi. Et j’ignore encore davantage pourquoi il a accepté.
Chez moi, nous avons ouvert la bouteille de vin promise et je leur ai fait faire le tour du propriétaire.
En entrant dans ma chambre, G. a tout de suite remarqué l’immense reproduction du Printemps de Botticelli.
Martin semblait croire que c’était de la peinture à numéros…

Un subtil changement s’est produit, j’avais envie que G. m’apprécie, qu’il me trouve cool, etc. Nous avons parlé pendant des heures de littérature, de peinture, de politique. Martin se taisait, ou faisait des blagues qui tombaient à plat. Nous ne l’écoutions même pas. Je n’avais d’yeux que pour G., je buvais ses paroles, j’étais sous le charme.

J’ai poussé l’audace jusqu’à lui dire ‘’je t’aime’’. Devant Martin, qui était officiellement mon chum, et à qui je n’avais toujours pas dit ces mots. Ouains. Pas ma meilleure performance, mettons…

Les jours suivants, G. m’appelait tous les soirs et nous discutions pendant des heures. Jusqu’à ce que je l’invite à nouveau chez moi, un soir où mes parents étaient absents. Ce soir là nous nous sommes embrassés et avons convenu qu’il fallait que je rompe avec Martin.
G. a été mon premier amour.
Martin s’en est remis, il a même avoué que nous formions un couple plus crédible que le nôtre.
Trois ans et demi d’amour et de chicanes, de ruptures ouraganesques (je sais, ça n’existe pas) et de réconciliations passionnées.
Trois ans et demi de départs et de retours, de fuck-you-crisse-de-cave et de je-t’aime-en-tabarnak.

G. et moi sommes toujours amis. Il a fait un doc à Princeton avant de s’installer en Suisse et vient à Montréal quelques fois par année, visiter sa famille et m’inviter à souper dans des restos que je ne pourrais me payer qu’en économisant pendant des mois (as if…).

J’ai toujours eu un faible pour les grandes gueules pas particulièrement humbles.
Avec mon sale caractère et ma propre tendance à l’ouvrir plus souvent qu’autrement, c’est sans doute le juste retour des choses.

Le Dandy et moi pouvons donc espérer une progéniture explosive...

dimanche 8 février 2009

De l'importance de se taire - 02

Toi t'es du genre à repartir avec des bières à la fin d'un party!

samedi 7 février 2009

Saint-Valentin

La Saint-Valentin est conçue pour rappeler à tous les loners que d’autres ne le sont pas. Cheap en tabarnak.
À 14 ans, dégoûtée par l’inégalité de la chose et toutes les inégalités en général, comme on se doit de l’être à cet âge, j’ai décidé d’utiliser le système de livraison de lettres d’amour de l’école pour donner un peu de bonheur aux célibataires endurcis (aka loners) les plus sympathiques.
J’ai écrit cinq ou six lettres anonymes, dont trois à la même personne mais en variant le ton, le vocabulaire, et surtout le genre.
Cette année là, Martin C. a reçu trois lettres d’amour d’inconnues fort différentes, Laclos style:

Une tendre et romantique.

Une érotico-quétaine.

Une carrément trash.

La suite de l’histoire est plutôt cocasse : une amie indignée et convaincue qu’on lui attribuerait la responsabilité des lettres m’a forcée à aller dévoiler mon identité à Martin.
(Il me faut spécifier que Martin C. avait 19 ans, il était en dernière année de Cégep et moi en quatrième secondaire.)
Penaude, je lui ai écrit une dernière lettre, expliquant ma démarche, etc. J’ai remis la lettre à une de ses amies, parce qu’à 14 ans on n’a pas toujours le guts qu’on prétend.
Le lendemain nous avions rendez-vous pour prendre un café, et quelques jours plus tard il m’embrassait dans un train bondé du métro Berri : mon premier french

Évidemment, notre histoire s’est terminée quelques semaines plus tard (j’en reparlerai), mais j’étais néanmoins plutôt fière de ma shot.

Charité bien ordonnée peut parfois finir par soi-même…

De l'importance de se taire - 01

Des fois, je trouve que t'écris comme Patrick Lagacé/Rafaëlle Germain...

lundi 2 février 2009

Féerique

Dans les échecs féeriques, contrairement aux échecs orthodoxes, il peut y avoir plus d’un morceau royal. Ma situation pourrait un peu s’apparenter à cela, nous sommes désormais deux au royaume même si l’autre est bien terré au fond de mon ventre et ne m’a pas encore transformée en énorme cachalot échoué sur le divan, un 2 litres de crème glacée Caramilk ou Chocolat Maya appuyé sur le bedon.

Ce matin, je passais le fameux test de clarté nucale. Je dis ‘’fameux’’ parce qu’on en a parlé récemment, notamment sur cyberpresse. Robert Salois, commissaire à la santé et au bien-être, a conclu dans son rapport remis la semaine dernière que toutes les femmes devraient avoir accès gratuitement à ce test (qui permet de dépister le syndrome de Down et autres risques de trisomie). Le ‘’gratuitement’’ n’est pas anodin. Ce matin, une petite prise de sang et 5 minutes d’échographie m’ont coûté un beau 380$.
Ok, ok, je suis allée dans le privé (je n’ai pas réussi à avoir un rendez-vous dans le public assez rapidement), mais ce test coûte environ 200$ dans notre cher système de santé. Pas tout à fait accessible, soyons honnête. Surtout quand on sait que les grossesses sont planifiées moins d’une fois sur deux au Québec, et que la pauvreté touche énormément de mères en devenir.
Certains craignent que le dépistage systématique augmente les préjugés envers les trisomiques, du genre ‘’ben quin, tu le savais que t’avais un risque pis t’as décidé de le garder pareil, arrange toi avec tes troubles ast’heure’’. Je trouve cet argument assez stupide, je l’avoue. Avoir un enfant est déjà une énorme responsabilité, il me semble normal et sain qu’on soit préparé à affronter tous les scénarios et qu’on laisse également le choix aux parents en devenir de prendre une décision éclairée selon les risques encourus par une grossesse dite ‘’anormale’’.

Mais trêve de politique familiale.

Mon examen s’est très bien déroulé, la petite créature que je porte au creux du ventre suce son pouce, se tourne et se retourne dans tous les sens, touche ses petits pieds avec ses mini-mains et donne allègrement des coups de pied! Même s’il est trop tôt pour garantir le sexe de l’enfant, la technicienne nous a quand même vendu le punch (80% de certitude environ) : c’est une FILLE!

Elle s’appellera Frédérique.
Mais pour l’instant, nous la surnommons Féerique. Nous sommes quétaines de même…

jeudi 29 janvier 2009

Breaking News

Au cours des derniers mois, je m’étais résolue à ne jamais enfanter, et à devenir la crazy cat lady qu’on peut imaginer, assise toute croche sur ma chaise berçante de véranda, toute croche à cause de ma bosse dans le dos, celle qui finirait infailliblement par pousser sur ma colonne de scoliosée, une carabine dans ma main nouée d’arthrite, à attendre les fuckin’ témoins de Jéhovah en buvant du gros gin à la bouteille dès l’aurore.

Je veux des enfants depuis longtemps, j’en ai toujours voulu. La maternité est une expérience trop particulière à mes yeux pour y renoncer et passer son chemin. Je ne suis pas de celles qui savent sublimer leur instinct maternel et leur désir de ‘’catiner’’ en adoptant une perruche ou en achetant un shack déconcrissé dans le fond du bois pour s’occuper l’esprit. J’avais d’autres ‘’projets’’, mettons.
Seulement voilà, après quelques ruptures amères et douloureuses, j’en étais venue à penser que je n’aurais jamais la chance de sentir un petit héritier de la Couronne Impériale grouiller dans mon ventre. J’allais devoir passer le flambeau à mon frère qui s’en fout royalement (c’est de circonstance, quand même), ou à ma sœur qui croit déjà qu’elle est Dieu et aurait levé le nez sur une minable position d’impératrice. Tsé, quand t’es habitué à d’autres sommets…

Et ça me faisait pleurer, surtout récemment. Pleurer et manger mes émotions. Pleurer, manger mes émotions et fuir ma douleur dans le sommeil. Même souffrir d’aménorrhée. Euh…

Faut que je révise mon plan de retraite, y’a un futur souverain en formation qui n’attend que quelques mois pour commencer à régenter mon existence …

Bitchslapper le passé


Le Dandy et moi possédons plusieurs points communs. Certains sont agréables à partager, comme notre passion pour la littérature, la danse contemporaine, les séries télévisées écoutées en rafale et la consommation débridée d’alcool (bon, en ce moment ma consommation d’alcool est au point mort, mais j’ai de bonnes raisons).
Malheureusement, nous avons aussi tous les deux un cv relationnel plutôt épais. Si la section ‘’Expériences pertinentes’’ est d’une longueur raisonnable, on ne peut pas en dire autant de celle intitulée ‘’Autres expériences et bénévolat’’. On a fait fort, mettons. Assez fort pour que chaque jour ou presque, au détour d’une conversation banale, un prénom jamais entendu auparavant (évidemment associé à une histoire lubrique plus ou moins intéressante) fasse surface et suscite de nombreuses questions.
De nombreuses questions, oui, mais aussi des pincements de lèvres, des clignements douloureux de paupières, des petits soubresauts cardiaques et quelques soupirs. Agacement, énervement et frustration se mettent parfois également de la partie.
Le problème c’est que malgré toute la bonne volonté du monde, malgré le désir de partage, de confiance et de compréhension de l’autre, y’a toujours une petite maudite partie de moi (ou de lui) qui souffre légèrement à l’évocation de ces passés antérieurs à nous, à notre relation.
En bonne inquisitrice que je suis, je pose mille et une questions (dont certaines carrément déplacées, je l’admets, mais je m’en câlisse, je les pose pareil), je sonde, j’enquête. Je VEUX savoir. Le doute me rend folle, alors j’accumule les infos, les souvenirs, les anecdotes. Cela ne me rend pas plus heureuse, et ça n’a malheureusement pas l’effet insensibilisant d’un vaccin. Je me shoote aux exs du Dandy, à ses one-night révolus, à ses anciens flirts, mais le buzz est loin d’être agréable. Pourtant, j’en redemande.
Pas que j’ai peur qu’il soit encore amoureux d’une telle ou qu’il fantasme encore en pensant à une autre. J’ai assez de bagage amoureux moi-même pour savoir que ce qui est derrière moi l’est bel et bien, et généralement pour d’excellentes raisons. Mais je n’aime pas partager mon trône, surtout pas avec des fantômes et, comme tout souverain, j’aime me renseigner sur mes prédécesseurs pour ne pas répéter leurs erreurs. Mais surtout, surtout, pour être meilleure qu’eux et davantage aimée.
Pour bitchslapper le passé et m’assurer l’avenir, en quelque sorte.
Je soupçonne le Dandy d’avoir la même stratégie. Nous n’en parlons pas, cependant. C’est ce qui arrive fréquemment lorsque l’amour et l’orgueil cohabitent à force égale au sein d’un couple...

Se rendre à l'évidence

Je suis ce qu'on appelle une ''travailleuse autonome''. La spécialiste de la langue que je suis ne peut s'empêcher de grimacer en pensant qu'une telle expression la définit.
''Travailleur autonome'', ça fait minable. On dirait le commentaire d'un prof de primaire débutant sa carrière et se sentant obligé d'écrire quelque chose de positif sur le bulletin d'un élève médiocre: ''travaille de façon autonome''. Une autre façon de dire: ''Ouains, votre flo est pas une lumière, fondez pas trop d'espoirs sur lui, mais au moins il reste dans son coin pis il m'sacre patience''. Version adulte diplômé, ça donne : ''J'ai étudié trop longtemps dans un domaine dont tout le monde se contrecrisse, y'a pas de job pour moi, mais au moins je fais mes propres horaires''. Mince consolation quand tu comptes tes cennes à la fin du mois et que tu n'as pratiquement pas de vie sociale ni de vacances, au cas où tu recevrais un contrat lucratif à ce moment là. Le genre de contrat qui te permettrait enfin de payer tes maudits prêts et bourses pour tes études dans un domaine dont le tout le monde se contrecrisse, évidemment.
Bon, je chiale pas trop quand même. Je savais à quoi m'attendre (le savais-je vraiment?) lorsque j'ai abandonné l'Économie et les Communications pour m'inscrire en Études Françaises. Et je savais aussi à quoi m'attendre quand j'ai reporté des études supérieures à plus tard pour travailler dans un bar, boire des shooters louches et faire le party en prétextant amasser de l'expérience de vie pour mon futur roman (celui sur lequel je planche toujours, quatre ans plus tard).
Mais voilà, un peu tannée de tirer le diable par la queue et de voir les sourires forcés emplis de pitié lorsque je réponds à l'éternelle question des matantes et des HECiens (''Qu'est-ce que tu fais dans la vie?''), j'envisage sérieusement d'upgrader mon niveau de vie. Pour une correctrice, c'est assez simple: tu te bottes le cul, tu finis ta maudite maîtrise, et tu prends le chemin le plus court menant aux avantages sociaux et au plan de retraite, j'ai nommé l'enseignement de la littérature au Cégep.
Maintenant, il faut simplement espérer que les baby boomers arrêtent de prétendre qu'ils sont encore fringants et dynamiques, et qu'ils nous laissent un peu de viande autour de l'os.
Parce que si Pélagie-la-Charette ne suscite pas l'engouement des littéraires, imaginez le feedback de la gang inscrite en Technique d'Aéronautique à Édouard-Montpetit...

jeudi 22 janvier 2009

Guess who's back?

Je suis rentrée à Montréal la semaine dernière, après ma convalescence de bronchite chez le Dandy (pas mal mieux qu'aux Résidences Soleil, je vous assure) et deux heures et quart dans un autobus Greyhound bondé de jeunes hommes en rut qui notaient les passagères sur 10, high school style. Mon oreille aiguisée d'ancienne Miss Potin jubilait, surtout que mon IPod me donnait l'air de rien, surtout pas d'entendre leurs différends sur le système de notation assez complexe. La moyenne de l'autobus se situait autour de 6.4, d'après ce que j'ai compris. Une fois assurée d'être du bon bord de la médiane, j'ai enfin pu me laisser aller à mon activité préférée lors de mes voyages Ottawa-Montréal (qui sont de plus en plus fréquents): écouter en rafale toute une panoplie de tounes quétaines. Quand je vois les néons Farine Five Roses, je pars toujours Tous les cris, les SOS.
C'était notre hymne rassembleur en Études Françaises, à l'UdM, et nous sommes plusieurs à perpétuer la tradition extra-muros, comme Éric lors de son New Year's Eve Bash. Évidemment, sans vin rouge cheap dans des verres en styromousse, c'est pas pareil, mais je ne peux pas caller tous les anciens du département et courir à la SAQ Dépôt chaque fois que l'envie de m'époumoner avec Marie-Denise Pelletier me prend...
Bref, après une semaine à grignoter des canneberges congelées devant une sélection douteuse de films achetés chez Giant Tiger (dont une pièce d'anthologie sur le voyeurisme certifiée ''fait vécu'', sceau doré à l'appui), je reviens en sol natal, prête à tout...

vendredi 9 janvier 2009

Marche (arrière) Impériale, ou comment l'Empire contre-attaque

Les deux dernières années ont été à chier, n'ayons pas peur des mots. Mon mariage précoce s'est effondré, par ma faute en grande partie même si ''it takes two to tango''. Nous n'étions pas doués pour la danse, faut croire. Je n'ai pas osé contempler les dégâts, je me suis enfuie devant les ruines en devenir, j'ai certainement contribué à achever ce qui restait de nous en fermant mes yeux, bouchant mes oreilles et en allant voir ailleurs si j'y étais.
Je n'y étais pas, pour ceux qui se poseraient la question.

Pendant plus d'un an, j'ai abandonné ma vie, je l'ai laissée aux soins des autres, je ne savais pas quoi en faire, anyway. J'ai vécu aux crochets (financiers et émotifs) d'un homme qui se voulait mon sauveur et que j'ai affaibli inconsciemment, involontairement, mais profondément néanmoins. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas écrit (ou si peu, et si mal), j'ai traîné mon corps du lit au salon, du salon au lit, en attendant une mort certaine que j'étais incapable de me donner.

J'avais toujours cru que j'étais une survivante, une conquérante, mais je n'avais plus d'empire sur lequel régner, plus de territoire à défendre. Mon lit orthopédique king était tout ce qui me restait de souverain...

René Char a écrit: ''On ne fait pas un lit aux larmes comme à un visiteur de passage'', pourtant c'est exactement ce que j'ai tenté de faire.

J'ai relu mes vieux journaux intimes, par ennui d'abord puis par désir de faire marche arrière, de trouver une explication, un sens à ma retraite, à mon abdication. Exercice douloureux, partout je retrouvais des traces d'espoir, d'ambition, de fougue.
Dans ta face, larve léthargique imbue de sa douleur mais incapable de la nommer!

Un processus s'est enclenché, j'ai réappris à me sentir vivante peu à peu. Ça sonne quétaine, ça l'est sans doute mais je n'avais pas les moyens de lever le nez sur un feeling, quel qu'il soit.

Je suis de retour, husbandless, comme dans cette chanson de Leonard (nous avons passé tellement de temps ensemble -à son insu, d'accord- que je m'en permets): ''and when she came back, she was nobody's wife''.

Grâce à des empires alliés, j'ai regagné mon trône et récupéré ma couronne impériale, j'ai repris les rênes et compte bien faire rayonner mon pouvoir sur l'étendue du royaume.

Qu'on se le tienne pour dit.

Ne cherchez plus

Le Dandy habite le Vieux Hull. Par la fenêtre de sa cuisine, on a une vue imprenable sur une piquerie; par celle du salon, sur une maison de passe à tarifs modérés. Entre les deux, l'appartement du Dandy avec son deuxième étage mansardé, Judith Butler, Artaud, Deleuze, Michaud, Bertrand Russell, Bataille, Heidegger et une collection impressionnante de recueils de poésie québécoise contemporaine.

Ne cherchez plus l'effervescence poétique québécoise, elle fait un threesome avec la déchéance d'un quartier autrefois appelé le Petit Chicago (pour des raisons évidentes), à quelques minutes de marche des Ontariens qui s'en contre-crissent.

Amen.

jeudi 8 janvier 2009

Origines

Figchen était le surnom de Catherine II alors qu'elle n'était encore qu'une jeune princesse poméranienne. Elle n'avait pas encore épousé l'horrible Pierre III (dont elle a fort habilement réussi à se débarrasser par la suite), ne lisait pas encore Montesquieu, Voltaire ou Machiavel, ne régnait pas encore seule sur toutes les Russies. Une Catherine qui s'ignorait, une Catherine en devenir.
Je porte son prénom. Pendant des années, je l'ai détesté. Trop féminin, trop courant. J'aurais voulu m'appeler Michelle, ou Frédérique, ou n'importe quoi qui m'éloigne d'une féminité que je ne reconnaissais pas en moi. Je voulais être un homme, un vrai, un chef, un leader. Pas une petite fille en robe matelot à qui on ne prêterait attention que pour sa beauté, sa gentillesse, sa douceur. Moi, je ramassais les vieilles gommes sur le trottoir, je me battais avec les garçons (technique de séduction inconsciente), je détestais le rose et mes cheveux blonds, je fantasmais en m'imaginant injecter du pus dans une araignée et je mangeais mes gales. Chienne de vie.
À six ans, dans un bistrot de Paris où mes parents sirotaient un énième scotch, un vieil ivrogne Russe m'a soulevée de terre en criant: Ekaterina! Ekaterina!
Je n'étais plus Catou, j'étais Catherine II réincarnée, puissante et géniale. Je me suis réconciliée avec mon prénom. Par la suite, Lady Oscar et la Marquise de Merteuil ont achevé de me convaincre que naître femme ne signifiait pas nécessairement naître handicapée.
Puisque je suis issue d'un savant mélange d'Histoire et de fiction, je dédie cet humble blogue aux médiatrices de mon roman d'apprentissage.
La gratitude est ma résolution pour 2009.