lundi 12 octobre 2009

Guess who's back?

Je suis de retour, une fois de plus. Je ne peux garantir la durée de mon séjour ici, je suis pour le blogue libre au même titre que d'autres vantent les mérites de l'amour libéré. N'oublions pas que Les Chats Sauvages de Marjo est une de mes deux ''tounes'' de karaoké (l'autre étant le classique ''C'est Zéro'', parce que, franchement, même si je n'ai ''qu'un seul langage'', ''moi je ne me défile pas'').
Depuis mon dernier post, beaucoup de choses.
L'infante est née.
Frédérique 1ère. Petite merveille qui grouille et gigote, qui sourit aussi maintenant.
Je suis follement en amour.
Follement.
Presque trop.
Maintenant que je sais ce que signifie ''amour inconditionnel'', je me dois d'admettre que les autres formes d'amour me semblent un peu ternes.
Je comprends souainement tous les jeunes parents et, puisque je suis résolument moderne, je fais joyeusement partie de ce mouvement sociétal dont vous avez sans doute entendu parler et qui se nomme coolement ''baby bump'' .
Je ne suis pas ici pour faire des ''accroires'', comme dirait ma grand-mère. La plupart du temps, le ''bump'' en question se situe au niveau du ventre, et je ne suis pas en reste. Ma petite boule de 8 livres d'amour inconditionnel m'a aussi laissé un beau 35 livres de ''spare''. Ce qui me fait dire qu'elle est vraiment ma fille: elle n'aime pas se sentir à l'étroit.
Fait que je porte les décombres d'un loft de foetus. Avec des graffitis difficiles à camoufler (oui, oui, je parle de vergetures, honte à moi).
Je ne désespère pas, j'ai entendu ''through the grapevines'' que certains gars aimaient les filles maganées. Je ris jaune mais je ris, c'est déjà ça.
Faudrait que je mette mon corps sur Farmville, je pourrais me labourer l'excédent de graisse et faire un peu de cash virtuel avec...

lundi 6 avril 2009

Gendr'Hommage

Je suis l’aînée d’une étourdissante petite marmaille de trois enfants. Une véritable aînée, si je puis dire, puisque j’ai neuf ans de différence avec mon frère, et douze avec ma sœur. Je suis comme l’enfant imprévu qui se pointe le bout du nez en fin de lignée, mais dans le sens inverse. Je préfère dire que mes parents étaient si comblés par ma présence qu’ils n’ont pas réfléchi à l’idée de se reproduire à nouveau avant de nombreuses années.
À neuf ans, j’avais les cheveux courts et des lunettes en plastique rose avec motifs de clefs de sol dorées sur les branches. Je passais tout mon temps à lire dans ma chambre ou écouter des épisodes de Lady Oscar en m’imaginant être à sa place. Je comprends mes parents d’avoir voulu ajouter un peu d’action à leur vie de famille. ..

Mon frère vient tout juste d’avoir dix-huit ans. D’une certaine façon, c’est le rebelle de la famille : contrairement à ma sœur et à moi, il a décidé de rompre avec la tradition familiale (étudier de la maternelle à la fin du Cégep au même collège d’Outremont) en invoquant une incompatibilité de valeurs avec celles prônées par l’établissement. Par ‘’valeurs’’, il sous-entendait respect, discipline, rigueur…
Il étudie maintenant au Cégep Saint-Laurent (quand il y va…), se passionne pour l’histoire des guerres puniques et de la stratégie militaire et s’entraîne tous les jours grâce à son nouveau bench fraîchement installé dans sa chambre.
Lo a une blonde depuis un an, une belle fille brillante qui m’appelle pour que je lui conseille des livres ou que je l’aide à comprendre les comportements parfois erratiques de mon nonchalant de frère. C’est qu’il a hérité de la langue bien pendue des Gendreau-Lynch, fait preuve d’une insolence qui peut s’avérer fatale et est fan du CH au point de trouer le mur de sa chambre lorsque l’équipe perd lamentablement.
Mon père résume le tout en disant que Lo a un problème de gestion de sa colère. Ça nous fait sourire…

J’adore mon frère. Même lorsqu’il m’enrage en préférant jouer à NHL plutôt que d’aller en cours, même lorsqu’il engouffre goulûment tout ce que je cuisine et me laisse sa vaisselle sale sur le comptoir sans un ‘’merci’’, même lorsqu’il quitte la pièce pour se réfugier dans sa chambre au beau milieu d’une conversation, même lorsqu’il fait semblant d’écouter mes sages conseils visant à lui épargner la colère de mes parents en me regardant comme si j’étais une demeurée profonde.
J’adore mon frère, son impertinence qui me fait rire à tout coup, ses imitations parfaites de mon père, sa propension à vouloir battre tous les garçons qui s’approchent de ma sœur et tous ceux qui m’ont fait pleurer.
J’admire son insoumission aux conventions familiales, mon frère place son bonheur bien au-dessus des traditions, je ne faisais pas preuve d’autant de guts à son âge…

Ma sœur va avoir quinze ans dans trois semaines et correspond au profil type du dernier de famille. Elle fait du théâtre, est populaire auprès des garçons (beaucoup d’appelés, peu d’élus), sort toutes les fins de semaine (lire : va boire de la vodka au goulot et fumer des petits cigares aux fruits dans le sous-sol d’un gars du Collège Marie-de-France), passe ses soirées au téléphone avec ses amies (qu’elle surnomme affectueusement ‘’pétasses’’ et ‘’salopes’’) et prend dix mille photos d’elle dans autant de tenues American Apparel avant de les poster sur facebook.
Ma sœur Gaby parle avec un accent français, méprise tout ce qui bouge et adore le magasinage et les revues à potins. Elle semble sortie d’un épisode de Gossip Girl, avec la fâcheuse tendance à considérer que tout lui est dû qui va avec. Mon père, dont le discours pourrait faire l’objet d’un dictionnaire d’expressions imagées, affirme qu’elle a un caractère de ‘’jus de fond de vidanges’’.
Je dois l’avouer, je détestais les filles dans son genre lorsque j’avais son âge et elles me le rendaient bien. Mais Gaby est ma sœur, et je sais que derrière sa superficialité apparente, elle a un cœur immense, une volonté à toute épreuve et une sensibilité à fleur de peau. Elle me laisse des messages affectueux, me raconte les dernières péripéties dans sa vie de jeune ado désœuvrée, s’intéresse sincèrement à ce qui se passe dans la mienne.

Je déménage dans quelques jours et même si je suis impatiente d’être enfin chez moi, de retrouver mon intimité avec le Dandy, loin de la pagaille qui sévit dans la maison familiale, je dois admettre que les six derniers mois passés chez mes parents m’ont permis de solidifier les liens avec la fratrie. Je m’ennuierai sans doute parfois des conversations déjantées autour de la table de la salle à manger, des petits complots contre les parents, des blagues faites à leur insu et des séances nocturnes de confidences entre détenteurs du même bagage génétique.
Je quitte une seconde fois la famille dont je suis issue pour mieux construire ma propre descendance, je passe de l’autre côté, je deviens parent et je ne peux qu’espérer que mes enfants possèdent la même complicité qui régit ma fratrie.

Lo, Gabydoune, je sais que vous lisez ces lignes. Je vous aime.

mercredi 1 avril 2009

Sondage sur l'objet-livre

Coins cornés ou marque-page ?
Coins cornés ET bouts de papiers, correspondances, et même morceaux de Kleenex déchirés. Cependant, puisque je ne les enlève jamais, je me retrouve fréquemment avec une dizaine de marques obsolètes dans un livre.
Un livre en cadeau ?
J'avais l'habitude d'offrir Le Parfum à tous mes exs qui n'aimaient pas lire. Maintenant, je suis fiancée à un littéraire. Ça élargit considérablement mon champ d'action.
Lis-tu dans ton bain ?
Oui, mais surtout des magazines.
As-tu déjà pensé à écrire un livre ?
Je n'ai jamais cessé d'y penser. Je suis d'ailleurs censée en écrire un en ce moment. Ça stagne. Je justifie ma procrastination en me répétant que les auteurs ne sont pas des athlètes, y'a pas de date d'expiration...
Que penses-tu des séries de plusieurs tomes ?
En général, pas mon genre du tout.
As-tu un livre-culte ?
L'Immortalité (Kundera), Les Liaisons Dangereuses (Laclos), À la recherche du temps perdu (Proust)
Aimes-tu relire ?
Oui, notamment mes livre-cultes...
Rencontrer ou ne pas rencontrer les auteurs de livre qu’on a aimés ?
M'en fous royalement.
Aimes-tu parler de tes lectures ?
Oui, évidemment.
Comment choisis-tu tes livres ?
Randomly. En pigeant dans la bibliothèque des autres, en écumant les étagères de librairie, etc. Un beau titre, une couverture Folio avec une reproduction d'un peintre que j'aime, name it!
Une lecture inavouable ?
De la chick-lit américaine et des magazines de filles.
Des endroits préférés pour lire ?
Dans l'autobus et le métro. Le mouvement, la position assise, le bruit ambiant...
Un livre idéal pour toi serait ?
Un roman intelligent, drôle, émouvant, profond et léger à la fois, 350 pages environ.
Traiterait de la mémoire, des origines, de la transmission, de la difficulté de faire et/ou d'assumer ses choix.
Écrit par moi. Hahahaha!
Lire par-dessus l’épaule ?
Seulement les courriels des autres, hahahaha!
Mais si on lit par-dessus mon épaule, je deviens enragée...
Télé, jeux vidéo ou livres ?
Je suis télévore mais, si j'avais à choisir, j'opterais pour les livres...
Lire et manger ?
J'adore! Il m'arrive même d'être secrètement déçue de rencontrer quelqu'un dans un café ou resto alors que j'envisageais un tête à tête intense avec un roman...
Lire un livre électronique ?
J'ai essayé. Et échoué. J'aime trop l'objet et ce qu'il permet: le toucher, le traîner dans une poche, etc.
Le livre vous tombe des mains, aller jusqu’au bout ou pas ?
Non. Y'a des limites au masochisme. Et trop de bons livres à lire pour se faire chier avec ceux qui ne nous plaisent pas.
Un livre que tu donnerais à ton pire ennemi ?
L'oeuvre complète photocopiée de Paolo Coelho. Pour être bien sûre que cet auteur que je déteste ne tire aucun droit d'auteur de mon cadeau empoisonné.

samedi 28 mars 2009

''Et si je dis bonheur-silence on ne m'entendra pas.'' (P. Delerm)


Contrairement à ce que Samsonite semblait croire, je n’avais pas disparu. Seulement, seulement voilà, j’ai manqué d’inspiration pour transcrire le bonheur tranquille qui m’occupe. Le Dandy et moi vivons dans les boîtes et dormons sur un matelas simple à même le plancher du sous-sol de mes parents en attendant notre déménagement imminent mais j’ai rarement ressenti une telle sérénité, un tel calme intérieur.


Le Dandy et moi passons de nombreuses heures à écouter des épisodes de Lost en rafale, sa main sur mon ventre gonflé guettant les manifestations de plus en plus évidentes de petite Frédérique. Sans le vouloir, sans le savoir toujours consciemment, nous fermons nos frontières, nous protégeons notre empire, nos têtes penchées sur mon nombril distendu.


Dans quelques jours, je pourrai ‘’nidifier’’ à mon goût dans notre nouvel appartement. La satisfaction que je ressens est au moins égale à celle que j’anticipe en regardant les photographies de notre home sweet home, en imaginant nos joies futures derrière les portes donnant sur le couloir, comme autant de possibilités de bonheur à venir.

dimanche 8 mars 2009

Journée de la femme

Qu’est-ce que je peux dire sur la femme sans revenir constamment à elle, sans parler d’elle? Comment expliquer mon ancien dégoût de la féminité, du féminin en général, sans aborder ma rancune envers elle, ma rage, son refus de moi, mon refus de lui appartenir, de me soumettre à son autorité, à son jugement, à sa folie? En la regardant elle, je ne pouvais qu’avoir envie d’être un homme, fort, insensible à ses remarques assassines, à ses crises récurrentes, à son amertume acide qu’elle me jetait au visage, comme si elle m’en voulait de lui rappeler tout ce qu’elle aurait pu être.
Ma mère n’est pas un monstre. Fille d’immigrés irlandais pauvres et malades, elle-même soumise à la dictature d’une mère tyrannique qui régentait sa marmaille sans douceur, en s’immisçant de force dans l’intimité de ses enfants, en leur rappelant sans cesse tous les sacrifices qu’elle faisait pour eux.
Ma mère ne voulait pas lui ressembler, être esclave de son sexe, et pour ces raisons (et d’autres qui lui appartiennent), elle préféra ne pas m’allaiter et décida de retourner au travail quelques semaines après ma naissance. Elle ne serait jamais la copie de sa mère, en train d’étendre le linge sur la galerie en se demandant, une fois de plus, comment elle allait nourrir sept personnes avec une livre de steak haché et cinq patates.

Comment ne pas parler aussi d’elle, ma grand-mère maternelle, une femme de son temps, sans éducation et sans possibilité d’accéder à une quelconque liberté, une quelconque autonomie en dehors des quelques pièces trop petites de l’appartement sans eau chaude qu’elle habitait sur le Plateau, à l’époque où il n’avait rien de glamour?

Comment ne pas parler de mon autre grand-mère, fille de bourgeois d’Outremont, promise à un ‘’grand’’ avenir : devenir une femme de médecin ou d’avocat, et qui se rebella contre l’autorité paternelle, contre les mœurs de son époque, pour poursuivre des études universitaires et choisir d’épouser un ‘’pauvre’’ journaliste davantage porté sur l’alcool, le poker et les femmes et que sur le confort matrimonial et les joies de la famille?
Comment ne pas rappeler sa douleur, son insatisfaction grandissante devant la place qu’on lui réservait, dans la cuisine, un marmot dans les pattes?
Comment ne pas parler de la dépression nerveuse, de la prétendue ‘’hystérie’’ dont elle était victime et qui la poussa à renoncer à son mariage, à divorcer au vu et au su de tout le voisinage bien-pensant de NDG et à faire des études supérieures à quarante ans passés, pour enfin se réaliser, pour enfin avoir le droit à une parole qu’on lui refusait?
Comment ne pas reconnaître en elle tous les déchirements féminins, toutes les frustrations du sexe faible ayant mené à notre révolte, à notre revendication tout sauf silencieuse d’être enfin reconnues comme des égales, et non plus comme des subordonnées?

Ces femmes n’ont rien d’extraordinaire, elles n’ont pas mené de grandes batailles, elles ne sont jamais citées en exemple dans les conférences féministes, dans les congrès de bonnes femmes. Vous n’entendrez plus jamais parler d’elles, sauf ici, peut-être.
Mais ces femmes qui ont peuplé mon enfance et provoqué plus souvent qu’autrement ma colère et mon indignation sont autant de reflets de l’identité féminine, elles sont les différentes facettes d’une seule et même réalité : naître femme.

C’est à elles que je veux aujourd’hui rendre hommage.
À ma grand-mère du ‘’vieux pays’’, conservatrice, bornée, qui préférait essorer ses draps à la main dans une cuisine mal chauffée plutôt que d’exiger un lave-linge.
À mon autre grand-mère, bourgeoise et snob, qui a su relever ses manches pour se donner les moyens d’accéder au bonheur qu’elle réclamait haut et fort.
À ma mère prise dans le conflit des générations et son propre conflit identitaire, déchirée entre le désir de maternité et l’aliénation dont elle ne voulait pas être victime, et qui tenta de trouver des compromis qui s’avérèrent être autant de petits renoncements à son épanouissement.
À tous les hommes, aussi, qui nous soutiennent, nous encouragent, nous défendent et nous aiment. Merci à Papa le Grand-Manitou, Lo le petit frère protecteur, Nicho l’ami fidèle, Éric ‘’Samsonite’’ le lettreux, et évidemment, évidemment, le Dandy, l’amoureux, l’amant, l’ami, le papa de ma fille…

En cette journée de la femme, je pourrais bien sûr nous souhaiter l’égalité salariale, l’abolition du ‘’plafond de verre’’, la reconnaissance de nos compétences intellectuelles, le droit inaliénable d’être le seul et unique maître de notre corps, et tant de choses encore. Je préfère nous souhaiter la quiétude, le bonheur, la sérénité.
Je préfère nous souhaiter la paix, la fin des stériles querelles de clochers, de nos guerres intestines entre femmes qui ne font qu’affaiblir notre voix commune, dévier les débats essentiels vers des disputes de fillettes et diluer notre essence.

J’espère que ma fille n’aura jamais besoin de souhaiter être un homme pour que sa voix résonne, que son opinion soit entendue, écoutée, reconnue.
Je l’espère forte et sensible, jusqu’au bout des petites bottines roses avec lesquelles elle apprendra à marcher, debout, droite et fière.

vendredi 6 mars 2009

Montée de lait (précoce)

Faut-tu être assez cave pareil!
Sur le blogue de Jean-Luc Mongrain, ce commentaire à propos de l'arrestation de Jean-François Harrisson pour possession et distribution de matériel pornographique juvénile:

''Voilà mr.Mongrain,ce qui arrive dans les enfants-roi,deviennent eux-même des parents.Ils installent des t.v.des consoles de jeux,ordinateurs,le cellulaire et le téléphone,il ne manque plus qu`une salle de bain privé,(attendez ça prendra pas cent ans), dans leur chambre,et ces parents-là ne les superviseront rien ou très peu,parce que ce serait violer leur intimité.Faudrait pas les contrarier ces petits chéris qui font tout pour faire plaisir aux parents (...)''
Ben oui, c'est ça, c'est sans doute parce que des parents n'ont pas surveillé leurs enfants et leur ont installé une console de jeu dans leurs chambres que l'acteur possédait des photos montrant des agressions sexuelles commises contre des mineurs. Ces parents irresponsables ont sans doute laissé des inconnus entrer dans la maison, violer leurs enfants, prendre des photos du viol, et repartir en sifflotant. Pfff!
Suite à une discussion avec mon frère (qui a une télé, un téléphone, un cellulaire, un ordinateur portable et une XBox360 dans sa chambre chez mes parents), nous avons conclu que l'auteur du commentaire avait probablement élévé ses enfants dans une cage, un sac de jute sur la tête...
C'est la femme dans L'Arrache-coeur, de Vian, qui serait contente...

jeudi 5 mars 2009

Profession: tyran orthographique

J’ai passé les derniers jours à réviser les épreuves d’un dictionnaire visuel pour les Éditions Québec Amérique. Des heures et des heures de lecture de définitions, de ‘’gossage’’ de virgules, de questionnements profonds sur l’emploi de certaines locutions et de réécriture d’adjectifs numéraux en toutes lettres. Des heures et des heures de ‘’sacrage’’ aussi, à me décoller la rétine sur les minuscules caractères (6, genre…). Bilan : j’ai survécu et j’ai appris pas mal de choses à propos du réticulum endoplasmique et d’autres notions essentielles.

Je dois avouer que j’étais passablement stressée en renvoyant les quatre tomes aux éditeurs. C’était ma première collaboration à un dictionnaire et on s’entend qu’un dictionnaire, ben, tsé, c’est pas bourré de fautes à la base, c’est pas écrit par des analphabètes. Ces gens-là s’en rendent compte si tu leur remets un travail ‘’botché’’, si tu as oublié des fautes, si tu n’as pas vu toutes les coquilles… C’est donc en réprimant de nombreux haut-le-cœur d’angoisse que j’ai laissé le colis entre les mains de l’employé de Purolator, c’est le souffle court que j’ai ouvert le courriel envoyé par mon contact chez Québec Amérique quelques heures plus tard.
Le Dandy, qui me rassurait en disant que j’étais la meilleure, la plus compétente et toutes les choses qu’un chum dit à sa blonde dévorée par l’inquiétude, avait finalement raison : j’ai passé le test haut-la-main et j’ai déjà décroché un autre contrat avec Québec Amérique.

C’est hautement jouissif de gagner sa vie en corrigeant les mots des autres. Mon côté maîtresse-d’école-qui-reprend-tout-le-monde est enfin perçu comme une qualité et je peux barbouiller d’un rouge sang des pages et des pages de texte avec un plaisir sadique. Je sublime ainsi toutes mes pulsions meurtrières et ça fait sans doute de moi une bien meilleure blonde, une bien meilleure mère en devenir. Évidemment, il m’arrive également de faire des fautes, je suis humaine, trop humaine, et je me réveille parfois en sursaut, angoissée par un mot mal orthographié ou une construction grammaticale douteuse.
Certains craignent la mort, moi j’ai peur du mot. Une petite lettre de moins mais autant de tourments…