jeudi 26 février 2009

Test du énième type...

Il y a quelques années, durant mes études en littérature, j'ai travaillé comme libraire chez Renaud-Bray. Je ne crois pas avoir détesté autant une job: salaire pathétique, boss condescendant, ambiance aliénante, clients attardés (''Hey, t'as-tu Du Côté de Szechuan, genre?'').
Heureusement, nous avions notre petite gang, pour la plupart des étudiants en littérature et en histoire de l'art. Les jeudi soirs, nous allions boire comme des trous dans un bar sur Saint-Denis où le proprio organisait des soirées de poésie.
On riait, on buvait, on se la jouait aussi, soyons honnête.
Un jour, un collègue de la section Bandes Dessinées nous a amené un livre en nous disant que c'était révolutionnaire, que nous devions tous le lire, etc. Ce livre, c'était la version longue du test de l'ennéagramme qui sévit en ce moment sur la blogosphère.
Ma période Renaud-Bray reste à jamais marquée par les fins de party qui tournaient à l'engueulade: ''on le sait ben, toi t'es un type 5, aile 8!''.
J'ai refait le test ce matin, pour finalement me rendre compte que je suis toujours un type 7:
The EnthusiastThe busy, productive type. Sevens are extroverted, optimistic, versatile, and spontaneous. Playful, high-spirited, and practical, they can also misapply their many talents, becoming over-extended, scattered, and undisciplined. They constantly seek new and exciting experiences, but can become distracted and exhausted by staying on the go. They typically have problems with impatience and impulsiveness. At their Best: they focus their talents on worthwhile goals, becoming appreciative, joyous, and satisfied.

lundi 23 février 2009

Impératrice cheapo

J'assume totalement le fait que j'aime parfois me divertir en consommant de la trash tv, des magazines trashs et des films trashs. Du bon divertissement pour la braindead que je suis occasionnellement.
Mais je pense que là je suis allée trop loin dans ma revendication de ma boulimie culturelle...
Moi, sortant du sac Blockbuster le film que le Dandy vient de louer: C'est quoi, ça?
Le Dandy, dénouant nonchalamment ses lacets de bottes: Oh, c'est une merde...
Moi, surprise: Comment ça, une merde?
Le Dandy, avec un grand sourire: Ben oui, je me suis dit que t'allais aimer ça!
Le film s'intitule How to lose friends and alienate people.
Pensez-vous que c'est un message?

dimanche 22 février 2009

De l'importance de se taire -03

T'es tellement parvenu que tu fais tes Rhum and Coke avec du Barbancourt 15 ans et du RC Cola...

jeudi 19 février 2009

Plogue <3

Le Dandy quitte le nid (mon blogue) pour voler de ses propres ailes.
Essayez de l'aimer autant que moi, vous n'êtes même pas game!

Artéfacts

Je voue une passion sans équivoque aux livres d’une autre époque.
Qu’on ne se méprenne pas, j’adore évidemment les premières éditions qui fleurent bon le moisi, mais je préfère encore les livres d’épanouissement personnel datant d’une période bénie où ces termes foireux n’existaient pas dans la forme qu’on leur connaît, c’est-à-dire accolés l’un à l’autre.
J’ai quelques paperbacks des années soixante à faire frémir toute femme qui se respecte, même la moins féministe de la gang.
Parmi eux, deux bijoux de machisme :

Date Talk, un ramassis d’imbécilités qui ordonne à la jeune femme qui date de ne pas montrer sa culture ou son savoir lors d’un souper romantique (‘’parce que l’homme n’a que faire de votre opinion’’, traduction libre) et lui rappelle gentiment qu’elle doit s’arranger par tous les moyens possibles pour se faire inviter à danser et complimenter sur son apparence. Sois belle et danse!
Édifiant.

Vaincre la frigidité chez l’épouse : un livre écrit par une femme médecin qui affirme que l’orgasme clitoridien est immature et que la véritable maturité féminine s’exprime dans l’orgasme vaginal. Mme la médecin remet aussi les pendules à l’heure : l’éjaculation féminine (tout comme le point G, d’ailleurs) est un mythe et aucune étude médicale n’a pu trouver de glande propre à la produire. La pauvre lectrice (frigide parce qu’elle ne parvient pas à atteindre l’orgasme vaginal) apprendra à la lecture de cette pièce d’anthologie que son mari souffre profondément de sa condition, et qu’il a le droit d’attendre davantage de son épouse afin d’être un mari comblé et valorisé dans son union.
Tsé, c’est certainement pas de sa faute à lui si sa femme vient pas de la bonne façon, bout de viarge!

Là, je me lance dans un livre d’information pour la femme enceinte des années 50. Je vous redonnerai des nouvelles des serviettes sanitaires homemade et autres trucs indispensables que je saurai bientôt me confectionner sous le regard approbateur du Dandy…
C'est tellement gratifiant, être femme...

lundi 16 février 2009

Un boutte à toutte

Je vous ai déjà fait le topo: la seule chose liant ensemble les dernières années de ma vie est la grande instabilité qui les caractérisait.
En résumé, je me suis mariée, séparée, j’ai déménagé plusieurs fois, je suis retournée auprès de mon mari, j’ai abandonné mes études pour travailler dans un bar, puis dans un cabinet d’avocats, j’ai démissionné et laissé mon mari à nouveau, re-déménagé, j’ai vécu avec un homme qui m’a fait vivre et inconsciemment empêchée de me suicider, je me suis brouillée avec ma famille, puis réconciliée, je suis retournée vivre chez mes parents lorsque les choses ont carrément dégénéré entre le ‘’pourvoyeur’’ et moi (‘’décrisse, salope, quand je vais revenir je veux que tu sois partie’’), j’ai rencontré le Dandy et suis tombée enceinte.
J’élude quelques épisodes de mon soap de vie pour ne pas vous perdre dans les détails inutiles…

Avant d’être enceinte, j’avais réussi à me convaincre de retourner à l’université pour faire ma foutue maîtrise, je me préparais (sur le tard, je l’avoue) à entrer dans le monde adulte en acceptant que j’avais fait le tour de la vie que je menais jusque là, l’étrange et épuisante vie de party, indifférente aux horaires habituels, indifférente à la nécessité de se lever le matin pour réaliser quelque chose de constructif.
Je planifiais également un voyage en Irlande avec mes parents pour voir enfin le pays de ma mère, l’origine de ma peau allergique au soleil et des reflets roux dans mes cheveux, et partager quelque chose de fort avec maman, nos relations ayant souffert longtemps d’un grave problème de compréhension mutuelle ( I’ve always been a daddy’s girl…).
Je venais de rencontrer le Dandy, notre amour était tout nouveau, tout frais, mais nous sentions déjà qu’il ne s’agissait pas d’une passade, d’un trip futile, nous avions tous les deux envie de bâtir une vraie relation. J’avais fait mon deuil de mon mariage raté, de la vie que je ne vivrais jamais avec Ski, mon slave de mari.
J’étais enfin prête à m’impliquer, à m’engager et pas seulement me laisser porter par les événements en attendant une révélation, un signe, une épiphanie quelconque qui me reconstruirait et donnerait un sens à ma vie plutôt décousue.

En choisissant de garder l’enfant, je choisis aussi de reporter à plus tard certains de mes projets. Ma maîtrise attendra quelques mois de plus, ce qui ne m’empêche heureusement pas de travailler mon manuscrit (ah, avantage de la création littéraire!).
Le voyage en Irlande aura lieu sans moi, je serai probablement en train d’accoucher dans une douleur innommable pendant que mes parents et ma petite sœur arpenteront les vertes collines des contrées maternelles.
Le Dandy et moi sommes projetés dans un futur que nous n’avions envisagé qu’en termes lointains, nous sommes catapultés précocement dans le rôle de parents.

J’aime à penser que tout ce que je vis en ce moment, tout ce que nous vivons ensemble, le Dandy et moi, peut se résumer par cette superbe expression : le beau risque.

Évidemment, je ne pouvais espérer que mon entourage soit de la même trempe aventurière que nous, et se réjouisse tout de go de notre bonheur.
Le Dandy et moi nous sommes montrés compréhensifs devant les regards inquiets de nos familles, leurs questionnements légitimes.
Mais y’a un bout à tout, une fille s’écoeure, tsé…

Quand l’un me demande, air bête à l’appui, s’il doit me féliciter.

Quand l’autre me fait clairement comprendre qu’il désapprouve mon choix et brosse un portrait post-apocalyptique de la vie que je décide de me construire.

Quand on me dit que je fais un choix sans-dessein, que je suis inconsciente, qu’il est encore temps de me faire avorter, etc.

Moi je dis : Fuck you! Fuck you gâcheux de bonheur, fuck you moralisateurs à deux cents, fuck you gang de jeteurs de pierres jaloux, frustrés, que sais-je encore!

Le Dandy et moi avons des diplômes, un haut de duplex paradisiaque dans un quartier très sympathique, et surtout, surtout, nous nous aimons et nous désirons ardemment la petite Frédérique qui s’épanouit dans mon ventre.
Le reste, ça vous regarde crissement pas.
I rest my case.

dimanche 15 février 2009

Recap de la soirée de Saint-Valentin

Le Dandy et moi avons fêté la St-Valentin la plus quétaine ever: nous avons mangé de la fondue au fromage au son du Top 50 des chansons d'amour de Cité Rock Détente et j'avais préparé le promis gâteau en roulés suisses, en forme de coeur, évidemment!

Mon petit frère est rentré vers 22h00, passablement ''atteint'' après avoir fumé un joint derrière le bungalow du voisin.

En regardant des photos de nous trois:

MOI: My god, je suis teeellement enceinte!

MON FRÈRE: My god, je suis teeellement gelé!

Dans un élan d'honnêteté rare chez un jeune homme de 17 ans, il a tenu à ce que je partage avec vous ce grand moment de complicité fraternelle. Y'est cute, pareil...

jeudi 12 février 2009

Roulés serrés

Le Dandy n'a jamais vraiment fêté la St-Valentin. Bad luck, il était souvent célibataire les 14 février.
J'ai décidé de piler sur le mépris que je voue à cette célébration pour faire plaisir à namour et lui offrir une St-Valentin en bonne et due forme.
Pour lui faire vraiment plaisir, et souligner le quétaine de la chose, j'ai prévu faire un gâteau en roulés suisses.
Pas celui ci mais un autre, designed by nulle autre que moi-même.
Faut vraiment que je sois en amour...

Touchy

J’écoute l’émission des Francs-Tireurs sur l’avortement. Martineau fait encore la preuve de son imbécilité et de sa mauvaise foi crasse en traitant d’osties d’irresponsables les femmes qui ont recours à l’avortement. Évidemment, on entend parfois des histoires assez interpelantes sur des femmes qui ont subi des dizaines d’avortement et ne semblent pas avoir compris les bienfaits de la contraception.
Mais qui sommes-nous pour juger le choix d’une femme qui ne désire pas la grossesse qu’elle vit, qui ne veut pas de l’enfant qu’elle porte, pour des raisons qui lui appartiennent et ne nous regardent absolument pas?

Toutes les femmes que je connais qui ont subi un avortement l’ont fait pour des raisons découlant du gros bons sens. Quand t’as pas de chum dans le décor, ou un chum irresponsable, drogué, violent, quand t’as pas une crisse de cenne pour l’élever, cet enfant la, quand t’es à terre moralement, incapable de prendre soin de toi-même, quand toute ta vie part en l’air, je peux vous assurer que tu ne pop pas la bouteille de champagne en voyant la petite ligne rose sur le test de grossesse. Loin de là.

L’avortement n’est pas une partie de plaisir, je sais je l’ai vécu il y a quelques années. Tu ne rentres pas dans la salle de chirurgie en sifflotant ‘’It’s raining men, allelujah’’ et en pensant au prochain party de fin de session. C’est pas La Ronde, crisse.
Et l’ostie d’irresponsable que je suis a récemment choisi de garder l’enfant qu’elle couvait dans son petit ventre. Parce que la situation avait changé, parce qu’elle le désirait, parce que c’était possible.

Évidemment, on ne peut pas demander à Martineau de comprendre ça. Ça et tout le reste, anyway…

mercredi 11 février 2009

Worst Breakup Ever

(pour faire suite à ce que j'ai lu ici)
G. et moi formions un couple depuis un peu plus de trois ans. Chaque été, il allait visiter sa famille en France, suivre des cours dans des universités étrangères, se péter des trips pas possibles autour du monde. Pendant ce temps, moi je travaillais en l’attendant.

Cet été là, j’avais été engagée par une maison de production télé, quelque chose de BIG, parce que je gardais les enfants de la v-p. Le boulot en tant que tel n’avait rien d’excitant, je remplaçais la réceptionniste durant ses pauses, je faisais des photocopies et je triais des factures. Parfois, seule activité qui trouvait grâce à mes yeux, j’engueulais le responsable de la Guilde des Musiciens sous prétexte de ‘’négocier’’ avec lui les amendes qu’on nous infligeait pour avoir engagé des artistes péruviens qui ne cotisaient pas à la Guilde.
Je m’emmerdais. Mes amis profitaient des vacances pour voyager, sortir, etc, alors que je portais des tailleurs et me levais aux aurores pour aller travailler dix heures d’affilée dans un bureau où les cadres me ‘’stoolaient’’ si je jouais trop longtemps au jeu du serpent qui ne doit pas toucher sa queue sur l’ordinateur de la réception.
Je revenais vidée du travail pour trouver la maison vide, mes parents étant partis en Espagne, ou en Grèce, ou en France, je ne tiens plus un registre de leurs départs depuis longtemps. Je m’asseyais à l’ordinateur et j’écrivais à G. G. qui ne m’écrivait pas, ou si peu. Il avait toujours une bonne raison, un déplacement imprévu, un problème de connexion, etc. J’imaginais le pire, il avait rencontré quelqu’un d’autre, une fille plus vieille, plus sexy, plus wild, et qui pouvait entrer dans un bar sans avoir à quêter la carte d’assurance-maladie de la blonde du frère d’une amie…

Mes horaires étant atypiques, je dînais toujours seule à la cafétéria. Puis un jour, un graphiste a été engagé. Il avait des horaires semblables aux miens, alors nous avons commencé à manger ensemble. Il avait vingt-sept ans (moi dix-sept), il avait un nom de famille belge et très littéraire (selon moi, évidemment) et il était beau. Très beau.
Ça a commencé par des conversations anodines au dîner, puis des livraisons impromptues de cappucino à mon bureau, etc. Durant les dernières semaines de mon contrat, il m’attendait dans le stationnement arrière pour me reconduire chez moi.
Nous sommes allés souper au restaurant deux ou trois fois, et j’ai poussé l’audace jusqu’à l’embrasser. Il était évident que nous nous plaisions, mais j’avais un chum et lui devait partir sous peu étudier en Suède.

Je me suis décidée à oublier cette (non) histoire, après tout G. revenait quelques jours plus tard, après tout nous nous aimions depuis si longtemps, et j’en aurais la confirmation en le revoyant. J’avais tout prévu pour son retour : j’avais loué une chambre dans une auberge 5 étoiles en Estrie, j’avais acheté un nouveau déshabillé, très classe, un nouveau parfum, et j’avais piqué une bouteille de vin au prix indécent dans le cellier de mon père, etc.

Le repas à l’auberge était fantastique, nous avons bien mangé et bien bu, et je commençais à être pas mal feeling lorsque nous sommes retournés à la chambre pour nous retrouver en bonne et due forme.
Je le laisse ouvrir une autre bouteille de vin pendant que j’enfile le déshabillé dans la salle de bain, nous buvons ladite bouteille en nous embrassant, et… j’éclate en sanglots. La totale, la grosse fontaine, les hoquets, les soubresauts incontrôlables… Je lui dis tout (en fait, pas grand-chose) sur mon ‘’aventure’’ avec le graphiste, je lui dis surtout qu’il me plaît énormément, que je ne sais plus où j’en suis, qu’il me faut du temps pour réfléchir à tout ça. G. se montre relativement compréhensif, met ma crise sur le dos de la distance, me promet que tout sera bientôt comme avant, il ne faut pas que je m’en fasse.

Sur le chemin du retour, nous roulons en silence. G. conduit et je regarde par la fenêtre, en pleurant silencieusement. C’est l’été de Manu Chao et c’est le seul cd qui fonctionne dans la voiture, nous l’écoutons donc en boucle pour meubler le silence. Le disque se met à sauter. Jouer over and over le même petit bout de chanson : Je ne t’aime plus, mon amour, etc. Nous faisons semblant de rien, aucun de nous n’a le courage de l’enlever du lecteur, alors on le laisse nous narguer. G. me dépose chez mes parents, entre pour boire un verre d’eau. Je descends ma valise au sous-sol, dans ma chambre. D’en bas, je l’entends écouter les messages sur le répondeur. Je remonte. Il me dit, les yeux pleins de larmes, que le graphiste a téléphoné pour me donner son adresse courriel, son numéro de téléphone en Suède et qu’il attend impatiemment que je le contacte. Je suis mortifiée.
Je dis à G. que je suis un peu fatiguée, il part et je vais me coucher. J’apprendrai plus tard qu’il n’était pas vraiment parti, il m’épiait par la fenêtre du sous-sol afin de voir si j’allais téléphoner au graphiste.
La voisine l’a vu et lui a posé mille questions jusqu’à ce qu’il quitte, humilié.

G. et moi nous sommes reparlés souvent, au cours des semaines suivantes, mais jamais de notre nuit à l’auberge ni du voyage en voiture en lendemain. À l’halloween, il a débarqué à l’improviste, déguisé en bossu, s’est mis à genoux devant moi (et mes parents, et leurs amis, …) et a tenté de me chanter À toi, de Joe Dassin, en pleurant. Nous avions touché le fond.

J’ai revu le graphiste quelques mois plus tard, il était en vacances à Montréal. Nous sommes allés souper au restaurant et il m’a invitée dans un party où je ne connaissais personne, tout le monde ayant au moins dix ans de plus que moi. Je me suis sentie ridicule, absolument ridicule. Lui aussi, sans doute, puisqu’il ne m’a jamais rappelée.

lundi 9 février 2009

Où ceci explique cela


J’ai fréquenté le même Collège de la maternelle à la fin de mon Cégep. Un Collège Français à Outremont (pas trop dur de deviner lequel, il n’y en a qu’un, oui, c’est le Collège Stanislas).

En quatrième secondaire (communément appelée ‘’la 3e’’, pour mes amis frenchies), mes amies et moi avions réussi à convaincre celui qui s’occupait des activités culturelles et sociales de l’école de nous laisser animer un show de radio étudiante.
La radio était normalement réservée aux plus vieux, aux étudiants de 1ère et de Terminale (les Cégepiens).
Le gars en question était un québécois, chose rare au Collège, et nous avions su profiter de la situation en lui promettant un show 100% québécois.

Les premières semaines de notre aventure radiophonique se sont avérées plutôt décevantes : on n’avait pas assez de stock québécois pour couvrir notre heure, et lorsque nous avons dû faire jouer Marie Stone pour remplir un trou, nous avons décidé d’oublier notre concept et de passer ce qui nous plaisait, tout et n’importe quoi.

Mes amies et moi n’étions pas ‘’populaires’’. C’était la grande époque où je portais un pantalon à pattes d’éléphant vert en velours, une veste à motifs psychédéliques vintage achetée dans une friperie sur Mont-Royal, et un rideau de longs cheveux roux ondulés dans la face. Je me trouvais laide et j’étais convaincue qu’en cachant mon visage derrière ma légendaire chevelure j’allais réussir à damer le pion à ma monstruosité.
Par ailleurs, j’étais particulièrement vindicative à cette époque, j’étais reconnue pour blaster le premier venu qui oserait me niaiser, ou simplement me regarder de travers (ce qui, considérant mon look, était plutôt fréquent). J’avais un sale caractère, avouons le.

Faire de la radio me permettait enfin de me ‘’venger’’ des jocks et des pitounes Parasuco qui shakaient leurs derrières bombés sur du hip hop. Les mêmes pitounes qui avaient ri de moi quelques années auparavant quand elles s’étaient rendu compte que je ne portais pas encore de soutien-gorge (je suis issue d’une longue lignée de flat chested, je n’y peux rien).

Toutes les semaines, j’infligeais donc à mes anciens bourreaux la pire torture (à leurs yeux) en me faisant plaisir : Pink Floyd, The Doors, DJ Shadow, Jacques Brel, etc. J’ai même eu l’audace de faire jouer Whiter Shade of Pale et King Crimson quelques fois. Tout le monde nous détestait ouvertement.
Lui aussi.

À travers la grande vitre de la radio, je le voyais nous regarder avec mépris. Je m’en foutais, je le détestais aussi. Je le trouvais con avec ses airs de je-sais-tout-je-contrôle-tout, ses petits polos saumon rentrés dans des khakis Gap, sa façon de traverser la salle d’accueil avec des papiers ‘’importants’’ dans les mains, sa main mise sur le journal étudiant (il en était le rédacteur en chef), et son nom de famille qui le reliait directement à sa mère, la prof de bio qui se beurrait les paupières d’ombre bleue circa 1983.

C’est à cette époque que j’ai rencontré Martin (voir post sur la Saint-Valentin) et que notre relation amoureuse a débuté.

Un après-midi morose (cours de maths, beurk!), j’ai décidé de faire semblant d’être malade pour avoir le droit de rentrer chez moi. J’ai le gag reflex très développé, ça a très bien fonctionné…
Je suis donc allée rejoindre Martin dans le salon étudiant des finissants pour lui proposer de venir passer l’après-midi chez moi, en buvant une bouteille de vin subtilisée dans le cellier de mon père.
Martin était en train jouer au Nintendo 64 avec Lui.
G., le gars qui se prenait pour un autre et que je détestais autant qu’il me méprisait.

J’ignore pourquoi mais je l’ai invité aussi. Et j’ignore encore davantage pourquoi il a accepté.
Chez moi, nous avons ouvert la bouteille de vin promise et je leur ai fait faire le tour du propriétaire.
En entrant dans ma chambre, G. a tout de suite remarqué l’immense reproduction du Printemps de Botticelli.
Martin semblait croire que c’était de la peinture à numéros…

Un subtil changement s’est produit, j’avais envie que G. m’apprécie, qu’il me trouve cool, etc. Nous avons parlé pendant des heures de littérature, de peinture, de politique. Martin se taisait, ou faisait des blagues qui tombaient à plat. Nous ne l’écoutions même pas. Je n’avais d’yeux que pour G., je buvais ses paroles, j’étais sous le charme.

J’ai poussé l’audace jusqu’à lui dire ‘’je t’aime’’. Devant Martin, qui était officiellement mon chum, et à qui je n’avais toujours pas dit ces mots. Ouains. Pas ma meilleure performance, mettons…

Les jours suivants, G. m’appelait tous les soirs et nous discutions pendant des heures. Jusqu’à ce que je l’invite à nouveau chez moi, un soir où mes parents étaient absents. Ce soir là nous nous sommes embrassés et avons convenu qu’il fallait que je rompe avec Martin.
G. a été mon premier amour.
Martin s’en est remis, il a même avoué que nous formions un couple plus crédible que le nôtre.
Trois ans et demi d’amour et de chicanes, de ruptures ouraganesques (je sais, ça n’existe pas) et de réconciliations passionnées.
Trois ans et demi de départs et de retours, de fuck-you-crisse-de-cave et de je-t’aime-en-tabarnak.

G. et moi sommes toujours amis. Il a fait un doc à Princeton avant de s’installer en Suisse et vient à Montréal quelques fois par année, visiter sa famille et m’inviter à souper dans des restos que je ne pourrais me payer qu’en économisant pendant des mois (as if…).

J’ai toujours eu un faible pour les grandes gueules pas particulièrement humbles.
Avec mon sale caractère et ma propre tendance à l’ouvrir plus souvent qu’autrement, c’est sans doute le juste retour des choses.

Le Dandy et moi pouvons donc espérer une progéniture explosive...

dimanche 8 février 2009

De l'importance de se taire - 02

Toi t'es du genre à repartir avec des bières à la fin d'un party!

samedi 7 février 2009

Saint-Valentin

La Saint-Valentin est conçue pour rappeler à tous les loners que d’autres ne le sont pas. Cheap en tabarnak.
À 14 ans, dégoûtée par l’inégalité de la chose et toutes les inégalités en général, comme on se doit de l’être à cet âge, j’ai décidé d’utiliser le système de livraison de lettres d’amour de l’école pour donner un peu de bonheur aux célibataires endurcis (aka loners) les plus sympathiques.
J’ai écrit cinq ou six lettres anonymes, dont trois à la même personne mais en variant le ton, le vocabulaire, et surtout le genre.
Cette année là, Martin C. a reçu trois lettres d’amour d’inconnues fort différentes, Laclos style:

Une tendre et romantique.

Une érotico-quétaine.

Une carrément trash.

La suite de l’histoire est plutôt cocasse : une amie indignée et convaincue qu’on lui attribuerait la responsabilité des lettres m’a forcée à aller dévoiler mon identité à Martin.
(Il me faut spécifier que Martin C. avait 19 ans, il était en dernière année de Cégep et moi en quatrième secondaire.)
Penaude, je lui ai écrit une dernière lettre, expliquant ma démarche, etc. J’ai remis la lettre à une de ses amies, parce qu’à 14 ans on n’a pas toujours le guts qu’on prétend.
Le lendemain nous avions rendez-vous pour prendre un café, et quelques jours plus tard il m’embrassait dans un train bondé du métro Berri : mon premier french

Évidemment, notre histoire s’est terminée quelques semaines plus tard (j’en reparlerai), mais j’étais néanmoins plutôt fière de ma shot.

Charité bien ordonnée peut parfois finir par soi-même…

De l'importance de se taire - 01

Des fois, je trouve que t'écris comme Patrick Lagacé/Rafaëlle Germain...

lundi 2 février 2009

Féerique

Dans les échecs féeriques, contrairement aux échecs orthodoxes, il peut y avoir plus d’un morceau royal. Ma situation pourrait un peu s’apparenter à cela, nous sommes désormais deux au royaume même si l’autre est bien terré au fond de mon ventre et ne m’a pas encore transformée en énorme cachalot échoué sur le divan, un 2 litres de crème glacée Caramilk ou Chocolat Maya appuyé sur le bedon.

Ce matin, je passais le fameux test de clarté nucale. Je dis ‘’fameux’’ parce qu’on en a parlé récemment, notamment sur cyberpresse. Robert Salois, commissaire à la santé et au bien-être, a conclu dans son rapport remis la semaine dernière que toutes les femmes devraient avoir accès gratuitement à ce test (qui permet de dépister le syndrome de Down et autres risques de trisomie). Le ‘’gratuitement’’ n’est pas anodin. Ce matin, une petite prise de sang et 5 minutes d’échographie m’ont coûté un beau 380$.
Ok, ok, je suis allée dans le privé (je n’ai pas réussi à avoir un rendez-vous dans le public assez rapidement), mais ce test coûte environ 200$ dans notre cher système de santé. Pas tout à fait accessible, soyons honnête. Surtout quand on sait que les grossesses sont planifiées moins d’une fois sur deux au Québec, et que la pauvreté touche énormément de mères en devenir.
Certains craignent que le dépistage systématique augmente les préjugés envers les trisomiques, du genre ‘’ben quin, tu le savais que t’avais un risque pis t’as décidé de le garder pareil, arrange toi avec tes troubles ast’heure’’. Je trouve cet argument assez stupide, je l’avoue. Avoir un enfant est déjà une énorme responsabilité, il me semble normal et sain qu’on soit préparé à affronter tous les scénarios et qu’on laisse également le choix aux parents en devenir de prendre une décision éclairée selon les risques encourus par une grossesse dite ‘’anormale’’.

Mais trêve de politique familiale.

Mon examen s’est très bien déroulé, la petite créature que je porte au creux du ventre suce son pouce, se tourne et se retourne dans tous les sens, touche ses petits pieds avec ses mini-mains et donne allègrement des coups de pied! Même s’il est trop tôt pour garantir le sexe de l’enfant, la technicienne nous a quand même vendu le punch (80% de certitude environ) : c’est une FILLE!

Elle s’appellera Frédérique.
Mais pour l’instant, nous la surnommons Féerique. Nous sommes quétaines de même…