jeudi 29 janvier 2009

Se rendre à l'évidence

Je suis ce qu'on appelle une ''travailleuse autonome''. La spécialiste de la langue que je suis ne peut s'empêcher de grimacer en pensant qu'une telle expression la définit.
''Travailleur autonome'', ça fait minable. On dirait le commentaire d'un prof de primaire débutant sa carrière et se sentant obligé d'écrire quelque chose de positif sur le bulletin d'un élève médiocre: ''travaille de façon autonome''. Une autre façon de dire: ''Ouains, votre flo est pas une lumière, fondez pas trop d'espoirs sur lui, mais au moins il reste dans son coin pis il m'sacre patience''. Version adulte diplômé, ça donne : ''J'ai étudié trop longtemps dans un domaine dont tout le monde se contrecrisse, y'a pas de job pour moi, mais au moins je fais mes propres horaires''. Mince consolation quand tu comptes tes cennes à la fin du mois et que tu n'as pratiquement pas de vie sociale ni de vacances, au cas où tu recevrais un contrat lucratif à ce moment là. Le genre de contrat qui te permettrait enfin de payer tes maudits prêts et bourses pour tes études dans un domaine dont le tout le monde se contrecrisse, évidemment.
Bon, je chiale pas trop quand même. Je savais à quoi m'attendre (le savais-je vraiment?) lorsque j'ai abandonné l'Économie et les Communications pour m'inscrire en Études Françaises. Et je savais aussi à quoi m'attendre quand j'ai reporté des études supérieures à plus tard pour travailler dans un bar, boire des shooters louches et faire le party en prétextant amasser de l'expérience de vie pour mon futur roman (celui sur lequel je planche toujours, quatre ans plus tard).
Mais voilà, un peu tannée de tirer le diable par la queue et de voir les sourires forcés emplis de pitié lorsque je réponds à l'éternelle question des matantes et des HECiens (''Qu'est-ce que tu fais dans la vie?''), j'envisage sérieusement d'upgrader mon niveau de vie. Pour une correctrice, c'est assez simple: tu te bottes le cul, tu finis ta maudite maîtrise, et tu prends le chemin le plus court menant aux avantages sociaux et au plan de retraite, j'ai nommé l'enseignement de la littérature au Cégep.
Maintenant, il faut simplement espérer que les baby boomers arrêtent de prétendre qu'ils sont encore fringants et dynamiques, et qu'ils nous laissent un peu de viande autour de l'os.
Parce que si Pélagie-la-Charette ne suscite pas l'engouement des littéraires, imaginez le feedback de la gang inscrite en Technique d'Aéronautique à Édouard-Montpetit...

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