jeudi 29 janvier 2009

Breaking News

Au cours des derniers mois, je m’étais résolue à ne jamais enfanter, et à devenir la crazy cat lady qu’on peut imaginer, assise toute croche sur ma chaise berçante de véranda, toute croche à cause de ma bosse dans le dos, celle qui finirait infailliblement par pousser sur ma colonne de scoliosée, une carabine dans ma main nouée d’arthrite, à attendre les fuckin’ témoins de Jéhovah en buvant du gros gin à la bouteille dès l’aurore.

Je veux des enfants depuis longtemps, j’en ai toujours voulu. La maternité est une expérience trop particulière à mes yeux pour y renoncer et passer son chemin. Je ne suis pas de celles qui savent sublimer leur instinct maternel et leur désir de ‘’catiner’’ en adoptant une perruche ou en achetant un shack déconcrissé dans le fond du bois pour s’occuper l’esprit. J’avais d’autres ‘’projets’’, mettons.
Seulement voilà, après quelques ruptures amères et douloureuses, j’en étais venue à penser que je n’aurais jamais la chance de sentir un petit héritier de la Couronne Impériale grouiller dans mon ventre. J’allais devoir passer le flambeau à mon frère qui s’en fout royalement (c’est de circonstance, quand même), ou à ma sœur qui croit déjà qu’elle est Dieu et aurait levé le nez sur une minable position d’impératrice. Tsé, quand t’es habitué à d’autres sommets…

Et ça me faisait pleurer, surtout récemment. Pleurer et manger mes émotions. Pleurer, manger mes émotions et fuir ma douleur dans le sommeil. Même souffrir d’aménorrhée. Euh…

Faut que je révise mon plan de retraite, y’a un futur souverain en formation qui n’attend que quelques mois pour commencer à régenter mon existence …

Bitchslapper le passé


Le Dandy et moi possédons plusieurs points communs. Certains sont agréables à partager, comme notre passion pour la littérature, la danse contemporaine, les séries télévisées écoutées en rafale et la consommation débridée d’alcool (bon, en ce moment ma consommation d’alcool est au point mort, mais j’ai de bonnes raisons).
Malheureusement, nous avons aussi tous les deux un cv relationnel plutôt épais. Si la section ‘’Expériences pertinentes’’ est d’une longueur raisonnable, on ne peut pas en dire autant de celle intitulée ‘’Autres expériences et bénévolat’’. On a fait fort, mettons. Assez fort pour que chaque jour ou presque, au détour d’une conversation banale, un prénom jamais entendu auparavant (évidemment associé à une histoire lubrique plus ou moins intéressante) fasse surface et suscite de nombreuses questions.
De nombreuses questions, oui, mais aussi des pincements de lèvres, des clignements douloureux de paupières, des petits soubresauts cardiaques et quelques soupirs. Agacement, énervement et frustration se mettent parfois également de la partie.
Le problème c’est que malgré toute la bonne volonté du monde, malgré le désir de partage, de confiance et de compréhension de l’autre, y’a toujours une petite maudite partie de moi (ou de lui) qui souffre légèrement à l’évocation de ces passés antérieurs à nous, à notre relation.
En bonne inquisitrice que je suis, je pose mille et une questions (dont certaines carrément déplacées, je l’admets, mais je m’en câlisse, je les pose pareil), je sonde, j’enquête. Je VEUX savoir. Le doute me rend folle, alors j’accumule les infos, les souvenirs, les anecdotes. Cela ne me rend pas plus heureuse, et ça n’a malheureusement pas l’effet insensibilisant d’un vaccin. Je me shoote aux exs du Dandy, à ses one-night révolus, à ses anciens flirts, mais le buzz est loin d’être agréable. Pourtant, j’en redemande.
Pas que j’ai peur qu’il soit encore amoureux d’une telle ou qu’il fantasme encore en pensant à une autre. J’ai assez de bagage amoureux moi-même pour savoir que ce qui est derrière moi l’est bel et bien, et généralement pour d’excellentes raisons. Mais je n’aime pas partager mon trône, surtout pas avec des fantômes et, comme tout souverain, j’aime me renseigner sur mes prédécesseurs pour ne pas répéter leurs erreurs. Mais surtout, surtout, pour être meilleure qu’eux et davantage aimée.
Pour bitchslapper le passé et m’assurer l’avenir, en quelque sorte.
Je soupçonne le Dandy d’avoir la même stratégie. Nous n’en parlons pas, cependant. C’est ce qui arrive fréquemment lorsque l’amour et l’orgueil cohabitent à force égale au sein d’un couple...

Se rendre à l'évidence

Je suis ce qu'on appelle une ''travailleuse autonome''. La spécialiste de la langue que je suis ne peut s'empêcher de grimacer en pensant qu'une telle expression la définit.
''Travailleur autonome'', ça fait minable. On dirait le commentaire d'un prof de primaire débutant sa carrière et se sentant obligé d'écrire quelque chose de positif sur le bulletin d'un élève médiocre: ''travaille de façon autonome''. Une autre façon de dire: ''Ouains, votre flo est pas une lumière, fondez pas trop d'espoirs sur lui, mais au moins il reste dans son coin pis il m'sacre patience''. Version adulte diplômé, ça donne : ''J'ai étudié trop longtemps dans un domaine dont tout le monde se contrecrisse, y'a pas de job pour moi, mais au moins je fais mes propres horaires''. Mince consolation quand tu comptes tes cennes à la fin du mois et que tu n'as pratiquement pas de vie sociale ni de vacances, au cas où tu recevrais un contrat lucratif à ce moment là. Le genre de contrat qui te permettrait enfin de payer tes maudits prêts et bourses pour tes études dans un domaine dont le tout le monde se contrecrisse, évidemment.
Bon, je chiale pas trop quand même. Je savais à quoi m'attendre (le savais-je vraiment?) lorsque j'ai abandonné l'Économie et les Communications pour m'inscrire en Études Françaises. Et je savais aussi à quoi m'attendre quand j'ai reporté des études supérieures à plus tard pour travailler dans un bar, boire des shooters louches et faire le party en prétextant amasser de l'expérience de vie pour mon futur roman (celui sur lequel je planche toujours, quatre ans plus tard).
Mais voilà, un peu tannée de tirer le diable par la queue et de voir les sourires forcés emplis de pitié lorsque je réponds à l'éternelle question des matantes et des HECiens (''Qu'est-ce que tu fais dans la vie?''), j'envisage sérieusement d'upgrader mon niveau de vie. Pour une correctrice, c'est assez simple: tu te bottes le cul, tu finis ta maudite maîtrise, et tu prends le chemin le plus court menant aux avantages sociaux et au plan de retraite, j'ai nommé l'enseignement de la littérature au Cégep.
Maintenant, il faut simplement espérer que les baby boomers arrêtent de prétendre qu'ils sont encore fringants et dynamiques, et qu'ils nous laissent un peu de viande autour de l'os.
Parce que si Pélagie-la-Charette ne suscite pas l'engouement des littéraires, imaginez le feedback de la gang inscrite en Technique d'Aéronautique à Édouard-Montpetit...

jeudi 22 janvier 2009

Guess who's back?

Je suis rentrée à Montréal la semaine dernière, après ma convalescence de bronchite chez le Dandy (pas mal mieux qu'aux Résidences Soleil, je vous assure) et deux heures et quart dans un autobus Greyhound bondé de jeunes hommes en rut qui notaient les passagères sur 10, high school style. Mon oreille aiguisée d'ancienne Miss Potin jubilait, surtout que mon IPod me donnait l'air de rien, surtout pas d'entendre leurs différends sur le système de notation assez complexe. La moyenne de l'autobus se situait autour de 6.4, d'après ce que j'ai compris. Une fois assurée d'être du bon bord de la médiane, j'ai enfin pu me laisser aller à mon activité préférée lors de mes voyages Ottawa-Montréal (qui sont de plus en plus fréquents): écouter en rafale toute une panoplie de tounes quétaines. Quand je vois les néons Farine Five Roses, je pars toujours Tous les cris, les SOS.
C'était notre hymne rassembleur en Études Françaises, à l'UdM, et nous sommes plusieurs à perpétuer la tradition extra-muros, comme Éric lors de son New Year's Eve Bash. Évidemment, sans vin rouge cheap dans des verres en styromousse, c'est pas pareil, mais je ne peux pas caller tous les anciens du département et courir à la SAQ Dépôt chaque fois que l'envie de m'époumoner avec Marie-Denise Pelletier me prend...
Bref, après une semaine à grignoter des canneberges congelées devant une sélection douteuse de films achetés chez Giant Tiger (dont une pièce d'anthologie sur le voyeurisme certifiée ''fait vécu'', sceau doré à l'appui), je reviens en sol natal, prête à tout...

vendredi 9 janvier 2009

Marche (arrière) Impériale, ou comment l'Empire contre-attaque

Les deux dernières années ont été à chier, n'ayons pas peur des mots. Mon mariage précoce s'est effondré, par ma faute en grande partie même si ''it takes two to tango''. Nous n'étions pas doués pour la danse, faut croire. Je n'ai pas osé contempler les dégâts, je me suis enfuie devant les ruines en devenir, j'ai certainement contribué à achever ce qui restait de nous en fermant mes yeux, bouchant mes oreilles et en allant voir ailleurs si j'y étais.
Je n'y étais pas, pour ceux qui se poseraient la question.

Pendant plus d'un an, j'ai abandonné ma vie, je l'ai laissée aux soins des autres, je ne savais pas quoi en faire, anyway. J'ai vécu aux crochets (financiers et émotifs) d'un homme qui se voulait mon sauveur et que j'ai affaibli inconsciemment, involontairement, mais profondément néanmoins. Je n'ai pas travaillé, je n'ai pas écrit (ou si peu, et si mal), j'ai traîné mon corps du lit au salon, du salon au lit, en attendant une mort certaine que j'étais incapable de me donner.

J'avais toujours cru que j'étais une survivante, une conquérante, mais je n'avais plus d'empire sur lequel régner, plus de territoire à défendre. Mon lit orthopédique king était tout ce qui me restait de souverain...

René Char a écrit: ''On ne fait pas un lit aux larmes comme à un visiteur de passage'', pourtant c'est exactement ce que j'ai tenté de faire.

J'ai relu mes vieux journaux intimes, par ennui d'abord puis par désir de faire marche arrière, de trouver une explication, un sens à ma retraite, à mon abdication. Exercice douloureux, partout je retrouvais des traces d'espoir, d'ambition, de fougue.
Dans ta face, larve léthargique imbue de sa douleur mais incapable de la nommer!

Un processus s'est enclenché, j'ai réappris à me sentir vivante peu à peu. Ça sonne quétaine, ça l'est sans doute mais je n'avais pas les moyens de lever le nez sur un feeling, quel qu'il soit.

Je suis de retour, husbandless, comme dans cette chanson de Leonard (nous avons passé tellement de temps ensemble -à son insu, d'accord- que je m'en permets): ''and when she came back, she was nobody's wife''.

Grâce à des empires alliés, j'ai regagné mon trône et récupéré ma couronne impériale, j'ai repris les rênes et compte bien faire rayonner mon pouvoir sur l'étendue du royaume.

Qu'on se le tienne pour dit.

Ne cherchez plus

Le Dandy habite le Vieux Hull. Par la fenêtre de sa cuisine, on a une vue imprenable sur une piquerie; par celle du salon, sur une maison de passe à tarifs modérés. Entre les deux, l'appartement du Dandy avec son deuxième étage mansardé, Judith Butler, Artaud, Deleuze, Michaud, Bertrand Russell, Bataille, Heidegger et une collection impressionnante de recueils de poésie québécoise contemporaine.

Ne cherchez plus l'effervescence poétique québécoise, elle fait un threesome avec la déchéance d'un quartier autrefois appelé le Petit Chicago (pour des raisons évidentes), à quelques minutes de marche des Ontariens qui s'en contre-crissent.

Amen.

jeudi 8 janvier 2009

Origines

Figchen était le surnom de Catherine II alors qu'elle n'était encore qu'une jeune princesse poméranienne. Elle n'avait pas encore épousé l'horrible Pierre III (dont elle a fort habilement réussi à se débarrasser par la suite), ne lisait pas encore Montesquieu, Voltaire ou Machiavel, ne régnait pas encore seule sur toutes les Russies. Une Catherine qui s'ignorait, une Catherine en devenir.
Je porte son prénom. Pendant des années, je l'ai détesté. Trop féminin, trop courant. J'aurais voulu m'appeler Michelle, ou Frédérique, ou n'importe quoi qui m'éloigne d'une féminité que je ne reconnaissais pas en moi. Je voulais être un homme, un vrai, un chef, un leader. Pas une petite fille en robe matelot à qui on ne prêterait attention que pour sa beauté, sa gentillesse, sa douceur. Moi, je ramassais les vieilles gommes sur le trottoir, je me battais avec les garçons (technique de séduction inconsciente), je détestais le rose et mes cheveux blonds, je fantasmais en m'imaginant injecter du pus dans une araignée et je mangeais mes gales. Chienne de vie.
À six ans, dans un bistrot de Paris où mes parents sirotaient un énième scotch, un vieil ivrogne Russe m'a soulevée de terre en criant: Ekaterina! Ekaterina!
Je n'étais plus Catou, j'étais Catherine II réincarnée, puissante et géniale. Je me suis réconciliée avec mon prénom. Par la suite, Lady Oscar et la Marquise de Merteuil ont achevé de me convaincre que naître femme ne signifiait pas nécessairement naître handicapée.
Puisque je suis issue d'un savant mélange d'Histoire et de fiction, je dédie cet humble blogue aux médiatrices de mon roman d'apprentissage.
La gratitude est ma résolution pour 2009.